
■ « canonique : les clercs font les vicaires de J. C . dans
A n . i i z i . l’éle£tion, les évêques dans la confécration : tous les
autres peuvent bien demander un évêque, mais non
pas. l ’élire ou le facrer. Quiconque donc s’attribue
d’une autre maniéré le nom d’évêque & la puiifance
eçelefiaftique, celui-là n’entre point par la porte, &
doit être compté entre les voleurs. Et enfuite : Quelques
uns croient que tout eft permis à l’églife R o maine
, ôc qu’elle peut faire par difpenfe autrement
que l’écriture ne prefçrit. Cette opinion eft infenfée:
leglife Romaine n'a pas plus de pouvoir que faint
Pierre, ni que Jefus Chrift même, qui'n’eft pas venu
abolir la lo i, mais l’accomplir. Elle doit donc fefervir
de la puiifance que J. C. lui a donnée, non félon fa
yolonté , mais félon la tradition de Jefus-Chrift : &
fi le pape eft averti par quelqu’un de fes inférieurs
de corriger ce qu’il a fait excédant les bornes de la
juftice,il doit recevoir cet avis comme S. Pierre reçut
Celui de S. Paul. Ces paroles font d’autant plus remarquables,
qu’elles font d’un cardinal écrivant à un
cardinal.
Il foutient enfuite que l’inveftiture, ou plûtôtl’o-
pinion que les laïques la peuvent donner, eft une he-,
rèfie, comme la fîmonie, ôc encore pire, en ce qu’elle
eft toujours publique, ôc qu’elle enferme toujours la
iîmonie , puifque les prince? ne font fi jaloux de ce
droit que pour leur intérêt temporel , ou de recevoir
de l’argent, ou de s’aiïiijettir les évêques. Or il
traite cette opinion d’herefie, parce qu’il prétend
que l’anneau ôc le bâton paftoral font les lignes fçn-
fîbles de ¡la puiifance fpirituelle de l’évêque ; ôc par
fonfequent appartiennent au façretnent & à l’ordiug,?
tion , qu’un laïque ne peut conférer. Geofroi foutient ------------
la même doôtrine dans un écrit adreifé au pape Cal- A N- m
lifte ; fçavoir que l’inveftiture eft une herefie , parce ¡.
que c eft une cntrepnie des laïques pour conférer un
facrement.
Toutefois dans un autre écrit, il convient que les °?*A.é
princes peuvent donner aux évêques l’inveftiture des
biens temporels que leglife poffede , parce qu’elle ne
les tient que de leur libéralité ôc en vertu de leurs
loix : ce qu’il confirme par l’autorité de S. Auguftin :
puis il continue : Les rois peuvent donc après l’élection
canonique & la confécration, donner àl evêque
l’inveftiture des biens ecclefiaftiques, en lui promettant
leur proteétion ; & il n’importe par quel ligne ils
le faifent. Jeius-Chrift a voulu que le glaivefpirituel
ôc le matériel fuifent emploïez à la défenfe de l ’é-
glife : que fi l’un émouffe l’autre, c’eft contre fon intention.
C ’cft ce qui ôte la juftice de l’état ôc la paix
de leglife : ce qui caufe les fcandalesôc les fchifmes,
la perce des corps ôc des ames. Et enfuite : Que le -
glife conferve fa liberté , mais qu’elle fe donne bien
garde d exceder dans 1 ufage des cenfures, ôc de rompre
le vaiè dont elle veut ôter la roüille. Sur quoi il
rapportelefameux paifage de S. Auguftin contre Par-
menien, pour montrer qu’il ne faut point excommunier
celui qui a la multitude de fon côté. Cet écrit
eft le premier où j’aie obfervé l’allegorie des deux
glaives, pour marquer les deux puiflances , la fpiri-
tuelle ôc la temporelle. Dans un dernier écrit adreffé 0p«fc.a
au pape C a llifte , Geofroi donne ces repies fur les
difpenfes. Il faut quelquefois accorder des difpenles
dans le g life , non par intérêt ou par faveur, mais