
ÀN.I I i
Épifi. 46'.
epiïï. 4 8 .» . 2j
epifi-$9,
400 H i s t o i r e E c c l é s i a s t i q u e .
S. follicitées, 8c qui levoient l'interdit déjà prononcé
par l’évêque de Paris. Alors le roi ne voulut plus
rien executer de ce qu’il avoit promis, 8c les évêques
demeurèrent chargez de confufion. C êft ce
qui paroît par la lettre que S. Bernard écrivit fur ce
fujet au pape Honotius, fous le nom de- Geoffroi
évêque de Chartres ; ôc par celle qu’il lui écrivit au
nom de l’abbé de Pontigni 8c au fien , fe plaignant
qu'il s’eft: laiifé furprendre en cette occafion. Il fe
plaint encore dans une lettre à Aimeri chancelier
de l’églife Romaine , qu’il a vû avec douleur l ’autorité
du faint fiege donner à U tirannie de nouvelles
armes.
Le pape Honorius prit enfin le parti de l’évêque
de Paris; 8c on croit que fon affaire fut terminée au
concile de Reims tenu en n t8 . mais le roi demeura
irrité contre l’archevêque de Sens. Sur quoi S. Bernard
écrivit au pape en ces termes : Nous vous repre-
fentons avecconfiançe 8c fidélité ce que nous voyons
en ce royaume de contraire à la religion. Autant
que nous pouvons jug e r, nous qui fommes proches,
le roi Loüis ne perfecute pas tant les évêques , que
leur zele pour la juftice, leur pieté, l’exterieur même
de la religion. Votre fainreté le peur aifément con-
noître, en ce que ceux qu’il honoroit, qu’il croyoit
lui être fideles, 8c admettoit en fa familiarité , lorf-
que leur habit 8c leur conduite étoit toute feculiere:
font devenus fes ennemis depuis qu’ils mènent une
v ie digne de leur facerdoce, 8c qu’ils honorent leur
miniftere. C ’eft la fource des outrages qu’a foufferc
l’évêque de Paris tout innocenfqu’il étoit*, mais le
Seigneur s’eft feryi de votre main pour le foûtenir.
L i v r e S o i x a n t e -Se p t i e’m e . 401 — n — "
De-la vient encore à p refent, que le roi s’efforce d’é- An. i i ¿8.
branler là fermeté de l’archevêque de Sens*; afin
qu’ayant abbatu le m étropolitain, il attaque plus aifément
fes fuffragans.Qui doute enfin que ce n’eft qu'à
la religion qu’il en veu t, puifqu’il l’appelle ouvertement
la ruine de ion royaume, ôc l’ennemi de fa couronne
? Nous vous iupplions donc très-faint pere de
prendre connoiffance de cette affaire : car iî on la ramené
a etre jugée devant le ro i, c’eft livrer l'arche-
veque a fes ennemis. Le pape n’ayant pas eftimé i
propos d évoquer à foi la caufe de l’archevêque , S.
Bernard lé pria au moins de recevoir fon appellation,
& recommanda l’affaire au chancelier Aimeri.
Vers le même tems il lui écrivit une autre lettre , r ■ „ \ * i i , « r t 1 / 1 T r a i te de fam t
ou 11 le prie de le faire décharger des affaires que le B«nani du libre
pape lui renvoyoit. Il ne me lert de rien, d it - il, de ^
n etre point occupé de mes affaires, puifque je le fuis
de celles d’autrui. Je ne voi rien de plus fûr pour moi
que d obéir au pape, pourvu qu’il veuille bien faire
attention à ce que je puis. Il offre enfuite au chancelier
de lui envoyer le traité du libre arbitre qu’il ve-
noit de publier, 8c qu’il avoit adreffé à Guillaume
abbé de S. Thierri.
L’occafion de cet ouvrage, fut que S. Bernard par-
lant un jour cfi public, 8c reconnoiffant qu’il étoicre- e. t,
devable à la grâce de Dieu , de l’avoir prévenu dans
le b ien, du progrès qu’il faifo it, 8c de la perfe&ion
qu il eiperoit : un des alfiftans lui dit : Que faites-
vous donc, ou quelle recompenfe eipcrez-vous,fi
c e ft Dieu qui fait tout? Pour répondre à cette objection
, S. Bernard obferve d’abord , qu’afin que l’on
puiffe a g ir , deux chofes font neceffaires, l’inftruéfion
Tome X I T . E e e