
33S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
— ajouta : Vous voïcz que je viens d’époufer la Vierge
A N. 112.4. Marie : c’eft à vous à faire les préfens de noces. Il fit
mettre deux coffres, un à la droite, l’autre à la gauche <
de l’image ; l’un pour les hommes, l’autre pour les
femmes ; & dit: Nous verrons lequel des deux fexes
a plus d'affection pour moi &c pour monépoufe. C ’e-
toit à qui donneroit le plus d’offrandes : les femmes
y mettoient jufqua leurs coliers & leurs pendans
d’oreilles. Enfin après que Tanchelme eût répandu
fes erreurs- en plufieurs endroits dans les diocefes
d’Utreâ:, de Cambrai & ailleurs y il fut tué par uffi
prêtre, qui lui caffa la tête comme il étoit dans une
barque ; mais fes erreurs ne laifferent pas- de durer
après fa mort.
L ’évêque de Cambrai dans le dioccfe duquel étoit
Anvers, y avoir mis douze ecclefiaftiques dans l’e-
glife de faint Michel pour aider le pafteur : mais ils
ne fuffifoient pas pour déraciner l’herefie de Tanchelme
& c’eft ce qui les obligea d’appeller faint
Norbe rt, & lui donner cette églife avec quelques
revenus pour y établir de fes difciples. L ’adké de
te,¡stetHri »y donation porte quelle fut faite du confeil de Bou- -
chard évêque de Cambrai , & du confentement
de tout le peuple ; & que les chanoines de faint
Michel pafferoient à l’églife de Notre-Dame de la
même ville. L ’évêque donna aufii fes lettres de confirmation
dattées de l’an 1114. Norbert fit venir
à Anvers des plus habiles de fes confrères, qui s’appliquèrent
à l’inftruétion de ce peuple. Lui-même
y travailloit puiffamment, cherchant principalement
à les gagner par la douceur. Mes freres , leur di-
fbit-il , i l ne faut ni vous étonner, ni rien craindre ?
L i v r e s o i x a n t e s e p t i e ’m ë , 339
c’eft par ignorance que vous avez fuivi le men- T “
r I I . s longe , le prenant pour la 1 ven■ te/ ; &» fri on vous 1 a- An. 1114.
voit enfeignée la première , vous l’auriez embrafTée
de même. Ces difeours & les oeuvres dont ils étoient
foutenus en convertiffoient quelques-uns ;& ils rapportaient
le corps de Notre Seigneur qu’ils gardoient
depuis-douze ou quinze ans dans des corbeilles ou
dans des trous.
Ces heretiques d’Anvers avoient grand rapport à
ceux qui furent découverts quelque tems auparavant
à Ivoi dans le diocefe de Trêves, fous l ’archevêque
Brunon. Ilsnioientquele pain &c le vin fuffent changez
fur l ’autel au corps & au fang de J. C. & que le
facrement de baptême fût utile pour le là lut des en-
fans; & ibutenoient plufieurs autres erreurs que l ’auteur
original qui vivoit alors, n’a pas cru permis de
rapporter. On en préfenta quatre à 1’archevêque Bru-
non, dont deux étoient prêtres & deux laïques. U n
des laïques s’en fu it, l ’autre promit avec ferment de
renoncer à cette fauffe doétrine. Mais un des prêtres
nommé Frideric , la foutint hardiment devant l’archevêque,
qui lui aïant apporté les autoritez de faint
Auguftin tant fur l’euchariftie , que fur le baptême
des enfans, fans pouvoir vaincre fon opiniâtreté ;
tous les affiftans crierent qu’il falloir le dépofer. Mais
le coupable s’étant fauvé dans la foule, fut condamné
par contumace. L ’autre prêtre avoir deux
noms , Dominique & Guillaume, ce qu’i l faifoit
pour fe mieux cacher. Il nia d’avoir jamais foutenu
cette herefie ; & comme fes délateurs foutenoient
.qu’ils l’avoient une fois furpris dans un conventicule
de ces heretiques, il offrit de fe foumettre à l’épreuve
V u ij