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P. GroiTolan archevêque
de M ilan.
Landulf. ap.
*Vghel. Ital. Sac.
to. 4 . p. 17. to. x.
e»nc. p. 1831,
tio H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
approuvât fa légation , comme le pape avoit fait.
L’archevêque de Vienne demanda la ifiême chofe par
fes députez & par fes lettres : quelques-uns en murmurèrent
, mais la plus faine partie du concile y con-
fentit,
Le famedi l'affaire de Milan fut décidée. Le pape
reprefenta q u il n’y avoit que deux caufes pour la
tranflation des évêques, la necefîîté ou l’utilité : que
la tranflation de Pierre Groffolan de l’évêché de Sa-
vone à l’archevêché de Milan , loin d’être utile, n’a-
voit tourné qu’à la perte des corps & des ames. C e f t
pourquoi il le renvoïa à fon évêché, & déclara Jourdain
archevêque de Milan. A la fin du concile le pape
accorda une indulgence de quarante jours à ceux qui
étant en penitence pour des pechez capitaux vifite-
roient les églifes des apôtres, foit à l’occafion du concile,
foit par dévotion. Aïnfi donnant fa benedidion
il termina le concile le fixiéme jour.
Pour entendre l’affaire de l ’archevêché de Milan,
il faut Ravoir que l ’archevêque Anfelme IV . mourut
à Conftantinople le premier d’Odobre l’an noo. au
retour de la croifade. Pierre Groffolan évêque de Sa-
vone / faifoit cependant à Milan les fondions épif-
copales , comme vicaire de l’archevêque abfent ; &
aïant reçu nouvelle certaine de fa mort, il provoqua
l’éledion d’un fucceffeur , avant que de retourner
à fon diocefe. Il fut élu lui-même par une grande
partie du clergé & du peuple, & monta aufli-tôc
dans la chaire archiepifcopale ; mais quelques-uns
des plus vertueux , tant du clergé de Milan que des
laïques, découvrirent au prêtre Liprand des chofes
honteufes de Groffolan ôc de fon éledion. Liprand
L i v r e s o i x a n t ë - s i x i e ’ m e . z z i
étoit un de ceux qui avoient foutenu avec le plus de <—
zele le parti du martyr S. Arialde , contre les fimo- A i
niaques & les clercs concubinaires, & pour ce fujet
ils lui avoient coupé le nez & les oreilles. Il confeilla
à ceux qui lui avoient donné cet avis contre Groffolan
, d’envoïer à Rome prier le pape Pafcal de ne
point confirmer fon éledion qu’il ne les eût entendus.
Toutefois ils ne furent point écoutez ; & Groffolan
reçut 1 etole enfigne de confirmation, par le crédit de
la comteffe Mathilde , ¿Se à la follicitation de S. Bernard
cardinal abbé de Vallombreufe, & depuis évêque
de Parme.
Mais comme le prêtre Liprand ne ceffoit point de
reclamer contre l’éledion de Groffolan, ce prélat af-
fembla à Milan un concile provincial , où en prêchant
publiquement au peuple , il dit : Si quelqu’un
veut dire quelque chofe contre moi qu’il le dife
maintenant, autrement il ne fera plus écouté. Le
prêtre Liprand aïant appris ce défi,affembla plufieurs
citoïens dans l’églife de S. Paul qui étoit fon titre, &
leur déclara que Groffolan étoit fimoniaque de toutes
les maniérés, & qu’il le prouveroit par le jugement
de Dieu , c’eft-à-dire par l’épreuve du feu ; mais les
évêques qui étoient venus pour le concile , empêchèrent
par leur autorité qu’il n’en vînt pour lors â
l’execution. Quelque tems après, comme il conti-
nuoit d’exciter le peuple , Groffolan lui fit dire qu’il
fortit du païs, ou qu’il fît fon épreuve. Liprand accepta
avec joie ce dernier parti, & le mercredi de là
femaine-fainte il dit la meffe & bénit lui-même le
feu , car il ne fe trouva point de prêtre qui le voulut
faire : puis il paffa entre deux bûchers allumez,
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