
An. 1148.
Lib. i y . c. 7 .
» . 40.
XXXiX.
S. Gilbert de
Sempringam.
Yitct Monetfi.
A n g l. tom. x .p .
669.
Boll 4. Febr*
tom. 3. p. $67.
V. Cang. glofi.
Terfonx,
676 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
battue ôc de draps de laine. En parlant à la communauté,
il ne pouvoir retenir fes larmes ôc fesfoupirs,
il les exhorta ôc les confola, vivant avec eux en frété
plutôt qu’en, maître : mais fa nombreufe fuite ne lui
permit pas de faire chez eux un long féjour. Il affifta
auffi cette même année au chapitre général des abbez
de Cîteaux, non comme préfidentou comme pape*
mais comme un d’entre eux.Enfin il reprit le chemin
d’Italie, ôc arriva heureufement à Rome.
Gilbert de Sempringam vint.à ce chapitre, offrit
à l’ordre de Cîteaux la congrégation qu’il venoit de
former. Il etoit Anglois , né dans la province de
Lincolne en 1083. & après qu’il eut fait fes études,
fon pere lui donna les deux cures de Sempringam &
de Tirington dont il étoit patron : mais il ne tiroit fa
fubfiftance que de la première, ôc donnoit aux pauvres
tout le revenu de la fécondé. Il n’étoit pas encore
dans les ordres, ôC ne poffedoit ces cures qu’en
perfonat, comme on le nornmoit, les fai fan t fervir
par des vicaires , fuivant l’abus qui regnoit alors, de
ié'parer le revenu Ôc les fondions ; ôc c’eft cet abus qui
fut condamné , comme j ’ai dit, au concile de Reims
par le pape Eugene. Gilbert s'attacha eniuite à la
cour d’Alexandre évêque de Lincolne, qui l’ordonna
prêtre malgré lui, ôc le voulut faire fon archidiacre ;
mais Gilbert le refufa, difant, qu’il ne voyoit point
de chemin plus court pour fe perdre. C ’eft que les ar-,
chidiacrcs exerçoientla jurifdidion ecclefiaftique,
qui étoit une grande tentation d’avarice.
Voulant donc donner fon bien aux pauvres 5c
faire une fondation, & ne trouvant point d’hommes
qui vouluffent vivre auffi regulierement qu’il fou-
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haittoit: il affembla dans fa paroiffe de Sempringam AIM14&
fept filles vertueufes, qu’il enferma près de l’églife
de S. André , par le confeil ôc le fecours de l’évêque
\lexandre, pour vivre en clôture perpétuelle : enfor-
te qu’elles recevoient par une fenêtre les chofes ne-
ceffaires à la vie. Pour les leur apporter ôc fervir au-
dehor«, elles'avoient de pauvres filles en habit fe-
culier : mais depuis par le confeil de perfonnes fages,
il fit auffi prendre un habit régulier ôc faire des voeux
à ces filles du dehors après les avoir bien inftruites
& bien éprouvées. Il y joignit des hommes pour
l’agriculture ôc les autres travaux les plus rudes -, ôc
leur preferivit une maniéré de vie dure, & un habit
qui marquoit l’humilité ôc la rénonciation au monde.
Cet inftitut fut tellement approuvé , que plufieurs
feigneurs d’Angleterre offrirent à Gilbert des terres &c
des revenus, pour fonder des monaftéres fémblables *
l’évêque Alexandre commença & le roi Henri acheva:
mais Gilbert ne recevoit ces biens qu’avec crainte
& comme par force, & en refufoit même plufieurs
tant il aimoit la pauvreté ôc craignoit la vanité de voir
un grand peuple fous fa conduite.
Ce fut dans cette penfée qu’il vint au chapitre de-
Cîteaux où étoit le pape Eugene, voulant fe décharger
du foin de tant demaifons dont il fe croyoit incapable,
ôc les remettre à ces religieux, qu’il connoif-
foit par l’exercice fréquent de l’hofpitalité, & qu’iljugeoic
les plus exâôts de tous dans l’obfervance de '
la réglé ; comme étant en leur premierG ferveur..
Mais le pape ôc les abbez de Cîteaux lui dirent *
qu’il ne leur étoit pas permis de gouverner d’autres-
religieux, ôc encore moins des religieufes, ôc par
I B B p j