
i i 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
-------- Le dernier de fes ouvrages dogmatiques fut le traité
A n . 1109. de la concorde de la prefcience , de la prédeftination
fime r. 1. vit* ôc de la grâce de Dieu avec le libre arbitre, qu’il com-
pofa lentement contre fa coutume, à caufe de ia ma-
sfi 'cyîi îadie- La prefcience de Dieu femble répugner au libre
arbitre, parce que ce que Dieu a prévu arrive necef-
fairement, & le libre arbitre exclut toute neceilité 5
mais cette neceffité que nous concluons de la prefe.
i. cience de Dieu, n’eft qu’une neceflité fubfequente ôc
non antecedente , autrement il ne feroit rien libre—
' * ment lui-même. Or lafcience de Dieu ne dépend pas
5-1 * 1 deschofes,mais elles font par fa fcience. La prédeftination
femble apporter une plus grande neceffité,
parce quelle enferme un décret ; mais en effet elle
n’impofe pas plus de neceffité que la prefcience, parce
que Dieu ne prédeftine pas en contraignant la vo-
g.j.c.». lonte , mais la laiffant libre. Ce qui fait la difficulté
touchant la grâce, c’eft ce que l’écriture dit avec une
égale fo rc e , que nous ne pouvons rien fans la grâce,
ôc nous agiffions librement : d’où vient que quelques
efprits fuperbes ont attribué toute la vertu au libre
arbitre, & plufieurs de notre tems, dit l’auteur, dou-
». 3. tent que le libre arbitre foit quelque chofe. Mais nous
ne pouvons avoir que par la grâce la droiture de volonté
, qui nous fait aimer la juftice ôc qui eft effen-
tielle au mérité -, ôc l’écriture en établiffant la grâce
n’exclut point le libre arbitre, comme en établiffant
* ie. le libre arbitre elle n’exclut point la grâce. Il n’eft jamais
impoffible d’avancer dans le bien ou de n’en pas
decheoir, mais la grande difficulté paraît quelquefois
impoffibilité.
Outre les ouvrages dogmatiques de S. A n fe lm e ,
L i v r e s o i x a n t e -c i n q u i e m e . h j
nous avons de lui plufieurs homelies, plufieurs m éd i---------------
tâtions, ôc grand nombre d’oraifons qui refpircnt A n . iio ?
une tendre pieté, ôc enfin plus de quatre cens lettres.
Sa vie a été écrite en deux livres par le moine Edmer
fon difciple ôc fon compagnon inféparable, qui dans
cet ouvrage s’eft attaché particulièrement à décrire
fes moeurs, fon efprit & fes miracles. Mais il a laiffé
une autre hiftoire fous le nom de Nouvelles, où il
rapporte exaâxment & fuivant l’ordre des tems tout
ce qui s’eft pafTé entre S. Anfelme & les rois d’A n gleterre
depuis le commencement du regne de Guillaume
le Conquérant jufqu a la mort du prélat ; ôc la
fuite de quelques affaires ecclefiaftiques jufqu a l’an
m i .
Peu de jours après la mort de S. Anfelme, arriva l x iy .
en Angleterre un cardinal envoie par le pape Pafcal
avec le pallium"pour l'archevêque d’Y o rc , qu’ilétoit "Edmer. 4 , Nî>*
chargé de remettre à S. Anfelme , afin d’en difpofer
fuivant fon avis. A la Pentecôte fuivante treizième
de Juin 11051. le roi tenant fa cour plenicre à Londres
, fit examiner l’affaire de l’archevêque d’Yorc.
On lut la derniere lettre que S. Anfelme lui avoit
écrite, ôc onze évêques quiétoient préfens réfolurent
d’y obéir quand ils devraient être dépouillez de leurs
dignitez. Ils firent venir Samfon évêque de V o r -
cheftre, dont l’archevêque Thomas étoit fils légitimé
; ôc il déclara qu’il étoit du même a vis, & qu’il
vouloit auffi obéir à la défenfe d’Anfelme. L e ro ifu t
du même fentiment, ôc déclara à Thomas qu’il promettrait
à l’églife de Cantorberi la même obéiffance
que fes prédeceifeurs, ou qu’il renoncerait à l’archevêché.
Il fc fournit ôc fut facré le dimanche vinge-
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