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j x H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
dre les marques de l’épifcopat ; & comme il proteftoit
toujours de fon indignité§ le pape ajouta : La fête du
fàint Eiprit approche, il faut lui recommander cette
affaire.
Otton étant retourné à fon lo g is , penfa toute la
nuit & le jour fuivant à la difficulté des tems', aux
périls des paiteurs, à l’indocilité des peuples ,Si après,
avoir mûrement délibéré , il réfolut de tout quitter
& vivre en repos comme perfonne privée. Il déclara
fa refolution à ceux qui l’accompagnoient, & aïant.
pris congé du pape , il fe mit en chemin pour s’en
retourner. Mais le pape lui envoïa ordre de revenir p
en vertu de la fainte obéilfance : ceux de fa fuite le.
ramenèrent, Si il fut.ordonné évêque de la main du.
pape, affilié de plufieurs évêques le jour de la Pentecôte
dix-ièptiéme de Mai 1103.. Le pape ne lui fit
point prêter de ferment , quoiqu’il n’en difpensât
alors aucun de ceux qu’il confacroit. Les évêques de.
Bamberg avoient déjà le privilège de la croix Si du
pallium comme les archevêques , mais feulement
quatre fois l’année : le pape en ajouta quatre autres,
en faveur d’Otton. Dans fa lettre-à l’églife de Bam-
b e rg , il marque qu’il l’a facré félon leur defir, & fau f
le droit .du métropolitain.
Il faut remarquer dans cette lettre & dans tout ce
qui fie paffa a la promotion d’O tton ,qu ’il reconnoifi
foit pourfeigneur Sc pour empereur légitimé Henri y
quoiqu excommunié Si depofé tant de fois par le
pape Grégoire V I I . Si par fes fuccefTeurs -, Si que fon
fcrupule n etoit point fondé fur le défaut de puiffance
de la part de H en r i, mais fur la cérémonie de l’in-
velliture , Si l’abus qu’il en faifoit, empêchant d’au-
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torité abfoluë les éledions légitimés. Otton dans fa --------------
lettre au pape , ne lui diffimule pas qu’il a été long- " N. 1103.
tems au fervice de ce prince, S i que c’eil de lui qu’il vn».c.5. p. f e
a rèçû l ’évêché. Il ne s’en accufa point étant en pré-
fence du pape, .& le pape ne lui en fit aucun reproche,
ni à l’églife de Bamberg qui reconnoiffoit Henri
pour empereur. Cet exemple & plufieurs autres du
même tems font voir qu’on ne laifloit pas d’être catholique
& reconnu pour tel par le faint fiege, quoiqu’on
n’executât pas à la rigueur les condamnations
prononcées contre Henri. En un mot, que le pouvoir
du pape fur le temporel des fouverains, ne paffoit
pas pour article de foi.
Otton qui devint ainfi évêque de Bamberg, na- xxvi.
quit en Suabe de parens nobles, mais dont les biens '
étoient médiocres. Ils le firent étudier dès fa pre- v iu c .u
miere jeuneife, mais pendant qu’il étoit abfent pour
fes études ils moururent, Si fon frere deiliné aux
armes , lui envoïoit petitement dequoi fubfifter. #
Otton après les humanitez & la philofophie, n’aïant
pas dequoi fournir aux frais des plus hautes études ,
& ne voulant pas être à charge à fa famille, pafla en
Pologne où il fçavoit que les gens de lettres étoient
rares. Là il fe chargea d’une école, où inilruifant les
autres & s’inftruifant lui-même, il acquit des ri-,
cheifes S^de l’honneur : il apprit auffi la langue du
païs ; & comme il menoit en même tems une vie
pure Si frugale , il fe fit aimer de tout le monde : à
quoi fervoit encore fa bonne mine Si fon extérieur
avantageux. Ainfi il s’infinua dans la familiarité des
grands, qui l’emploïerent à porter des paroles Si
traiter des affaires entre eux i Sc par ces députations
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