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XVIII.
Bru non arche«
vêque de Treves.
Hiji. Trevir. to.
tx . Spisil. p. X40.
XIX;
Fin de S. Bruno.
V ita ap. Sur, 6«
©#.
36 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
crifice fous un toit pour éviter le vent ou la pluïe : de
même quoiqu’il ait été crucifié nud , on fait bien de
couvrir le calice, de peur qu’il n’y tombe une mouche
ou quelque ordure. C ’eft plûtôt par notre vie que par
ces fortes de cérémonies que nous devons imiter la
pauvreté de J. C . 8c les mépris qu’il a foufferts.
Egilbert archevêque de Treve s, mourut dans le
fchifme le cinquième de Septembre 1101. après avoir
tenu cefiege vingt-deux ans huit mois & trois jours ;
& il y eut près de quatre mois de vacance. Entre plusieurs
fujets dignes de remplir cette place ,-quife trou-
voient dans le clergé de Treves , le plus diftingué
étoit Brunon né en Franconie de la première no-
blefle, 8c tellement aimé des feigneurs, qu’on l’avoit
fait prévôt de Treves, de Spire , de S. Florent à C o -
blens, 8c archidiacre. L’empereur Henri étant venu
tenir fa cour à Maïence à la fête de Noël de la même
année n o i . les citoïens de Treves vinrent lui demander
Brunon pour archevêque : les feigneurs joignirent
leurs prières, & l’empereur lui donna l’in-
veftiture par l’anneau & Iacrofle, & ordonna qu’il fût
facré. Il le fut à Maïence même le treizième de Janvier
1101. par Adalberon de Mets, Jean de Spire, &
Richer de Verdun , en préfence de Ruthard archevêque
de Maïence, Frideric de Cologne 8c plufieurs
autres évêques , qui tous par conféquënt reconnoif-
foient Henri p our empereur & communiquoient
avec lui. Brunon fit fon entrée à Treves le jour de la
Purification.
L ’année précédente 1101. S. Bruno le fondateur des
Chartreux., mourut dans fon monaftere de Squillace
en Calabre. Se fentant près de fa fin , il affembla fa
L i v r e s o i x a n t e - c i n q j i i e ’ m e ; 37
communauté , 8c leur raconta toute la fuite de fa vie -
depuis fon enfance par forme de confeifion jgene- A n . i i o i .
raie. Enfuite il expofa par un lon g d ifco u r s fa fo ifu r
la Trinité .& conclut ainfi : Je croi auifi les facremens
que l’églife croit 8c honore -, 8c nommément
que le pain 8c le vin confacrez fur l’autel font le vrai
corps de N. S. J. C . fa vraie chair 8c fon vrai fang
que nous recevons pour la rémiifion de nos pechez,
8c dans l’efperance du falut éternel. Il mourut enfuite
le dimanche fixiémc jour d’O&obre , 8c fut enterré
derrière le grand autel de 1 eglife de ce monaftere dédiée
àfaint M ienne. Les Chartreux envoïerent,félon
la coutume, des lettres en diverfes provinces 8c juf-
ques en Angleterre , pour donner avis de fa mort &
demander des prières pour fon ame. On a confervé
plufieurs réponfes des églifes, qui contiennent des
eloges de faint Bruno la plûpart en vers, où l’on
avoue qu’il a moins befoin des prières des autres qu’ils
n’ont befoin des fiennes. En ces réponfes l’églife de
Reims le reconnoît pour fonéleve, & témoigne qu’il
a quitté le monde dans letems de fa plus grande prospérité
, lorfqu’il étoit comblé d’honneur 8c de ri-
cheifes. L’églife de Paris le nomme la gloire des docteurs,
8c celle d’Angers le nomme leur maître, 8c dit
qu’il falloir être habile pour profiter de fes leçons :
prefque tous relevent fa doûrine.
Comme depuis fa retraite il n’avoit fongé qu’à fe
cacher.& avoir infpiré à fes difciples le même amour
de l’obfcurité 8c du filence, perfonne n’écrivit alors fa
vie ni l’hiftoire de fon ordre -, 8c ce grand faint ne fut
canonifé que plus de quatre cens ans après par le pape
Léon X . J’ai rapporté ce que dit de lui Guibert
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