
A n . i i i S .
Aîatth» t h . 14.
LIX.
Affaire d’Eftie.-
11e évêque de
Paris.
MabiîLnot.fuf.
ft& ep. 45 .S. Ber,
mm4f,
398 H i s t o i r e E c c i .es i a s t i q ^üe:
merecommandablepar le pecic nombre de fes feéfa-
teurs. Car s’il eftvrai-, félon les paroles de notre Seigneur
,‘que la voye qui mene à la vie eft étroite , &
que peu la trouvent : l’inftitut religieux qui admet
le moins de fujets eft le meilleur & le plus fublime ;
Ôc celui qui en admet le plus eft le moins eftimable.
Ainfi finiflent les conftitntions du veneçable Gui-
gues,
Eftienne de Semis chancelier de France, étant devenu
évêque de Paris en 1114. mena encore quelque
tems une vie peu ecclefiaftique : mais il fe corrigea
comme fon métropolitain, par les fages confeils de
fes confrères, & de S. Bernard. Déflors il ne fut plus
courtifan , ni complaifant pour le doyen ôc les archidiacres
de fonégliie : qui par ordre du roi faifoient
des exactions fur le clergé, au préjudice de la liberté
ecclefiaftique. Ils aigrirent tellement le roi contre l’évêque,
que lui 8c les fiens en penferenc perdre tous
leurs biens : 8c que le prélat fut même en danger de
fa v ie : ce qui le pouffa fuivant l’ufage du tems, à
mettre les terres du roi en interdit. Enfuitepour év iter
fon indignation , il fe retira prêsl archevêque de
Sens ; ôc ils allèrent tous deux au chapitre gênerai de
Cîtéaux, implorer la proteétion de ces faims moines,
dont les deux prélats 8c le roi lui même avoient obtenu
des lettres de fraternité.
C ’eft le ftjjet d’une lettre que S. Bernard écrivit au
roi fouslenomd’Eftienne abbé de Cîteaux ôc de tout
le chapitre en 1117. où il parle ainii : Par quel confeil
vous oppofez-vous maintenant fi fortement à nos
prières, que vous avez autrefois demandées avec tant
d ’humilité ? Avec quelle confiance pouvons nous le-
L i v r e S o i x a n t e - S e p t i e ’m e . 399 i— ■
ver nos mains pour vous vers l’époux de l’églife , que
vous affligez fans fujet, ce nous femble, 8c inconfide-
rétnent ? Elle fe ¡plaint à lui que vous l’attaquez,
vous qui deviez la défendre. Comprenez-vous de qui
vous vous aoûtez la colere ? c e n ’eft pas d e i ’.évêque
de Paris, mais du Dieu terrible , qui ôte la vie aux
princes : de celui qui a dit aux eveques : Qui vous £w.x.w.
méprife nie méprife. Nous vous parlons ainfi avec
hardieffe, mais ayec affeiftion : vous priant a v e c l’a-
mitié réciproque ôc la fraternité dontvousnous avez
honorez 8c que vous bleffez maintenant, de faire
celfer au plûcôc un fi grand mal. Autrement fâchez,
que nous ne pouvons abandonner l’églife de Dieu ôc '
fon miniftre l’évêque de Paris, notre pere & notre
ami : qui nous a demandé par droit de fraternité,
des lettres au pape en fa faveur. Mais nous avons cru
devoir auparavant vous écrire cette lettre : d’autant
plus que l’évêque offre de vous faire juftice, pourvu
qu’on lui reftitue auparavant, comme il eft des réglés
, ce qu’on lui a ôté injuftement. Et fi vous voulez
faire la paix avec lu i, nousfommes prêts à nous
rendre auprès de vous pour ce fujet , par tout où il
vous plaira.
L-’archevêque de Sens avec tous fes fuffragans 8c
quelques autres perfonnes vertueufes, entre lefquels
etoit S Bernard, allèrent trouver le roi pour le prier
de rendre juftice à l’êvêque de Paris, 8c lui refticuer
ce qu on lui avoir ôté : nuis ils ne l’obtinrent pas.
Enfin voyant qu’ils vouloient avoir recours aux armes
fpirituelles, 8c mettre auifi l’interdit fur fes terres
, il crtfignit ôc promit de rendre tout. Mais au même
tems arrivèrent des lettres du pape, qu’il avoit