
g H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .’
faire connoître mon état ; au contraire je vous conjure
de ne me pas ordonner d’y retourner: finon à condition
que je puifle obferver la loi de Dieu , 8c que le
roi repare le mal qu’il a fait à mon églife. Autrement
il fembleroit que j’aurois été juftement dépouillé,pour
avoir voulu confulte'r le faint fiege :ce qui feroit d’un
dangereux exemple. Quelques-uns moins éclairez ,
demandent pourquoi je n’excommunie pas le roi :
mais les plus fages me confeillent de n’en rien faire,
parce qu’il ne me convient pas de me plaindre 8c de
me venger tout enfemble. Enfin les anns que j’ai auprès
du roi m’ont mandé qu’il fe moqueroit de mon
excommunication.
Quelque tems après Anfelme apprit la mort du roi
Guillaume le roux , qui fut tué par accident à la
chaiTe le jeudi fécond jour d’Août l’an noo. ¿¿mourut
fur le champ , fans penitence & fans confeifion.
Anfelme le pleura amerement ; & aiTura qu’il auroit
mieux aimé que Dieu l’eût retiré du monde lui-
même , que de biffer mourir de la forte ce malheureux
prince. Il reçut bien-tôt un député de l’églife de
Cantorberi, avec des lettres où on le prioit inftam-
ment de revenir ; 8c par le confeil de l’archevêque de
Lion il fe mit en chemin pour l’ Angleterre : fortre-
greté dans le païs qu’il quittoit. Il n’étoit pas encore
arrivé à C lu g n i, quand il reçut un autre député du
nouveau roi Henri 8c des Seigneurs du roïaume ,
pour prefler fon retour. La lettre du roi portoit, qu’auprès
la mort de fon frere il avoit été élû roi par le
clergé & le peuple d’Angleterre ; & que la crainte des
ennemis , qui vouloient s’élever contre lui , l’avoit
obligé à fe fairç iaçrer fans attendre l’archevêque , à
qui
L r v R E S O IX A NTE-C I N Q.CT IE’m E. 9
qui il -enfaifoit exeufe, proteftant de vouloir fe gou-
'•verner par fes confeils. Guillaume le roux n’avoir
point-laifTé d'enfans ; & comme Robert duc de Normandie
fon frere aîné n’étoit pas encore revenu de la
croifade, Henri qui étoit le cadet, profita de fon ab-
fence, 8c fe préfTa de fe faire reconnoître 8c couronner
roi. Il fe maintint nonobftant les efforts de fon
frere , & régna plus de trente-fix ans. Anfelme fit
telle diligence qu’il arriva à Douvre le vingt-troi-
fiéme de Septembre , 8c fut reçu avec une extrême
joie de toute l’Angleterre , qui efperoit à fon retour
une efpece de réfurreétion, par la réparation de tous
les défordres paifez, principalement dans la religion.
EnFranceles deux légats Jean & Benoît tinrent plu-
fieurs conciles, dont le premier qui avoit été indiqué à
Autun fut tenu à Valence. Le principal fujetétoient
les plaintes des chanoines d’Autun contre Norgaud
leur évêque , qu’ils accufoient d’être entré dans ce
fiege par fimonie, 8c d’en diffiper les biens. Par l’autorité
des légats il obligea les chanoines de venir au
concile de Valence, nonobftant leurs proteftations de
ne devoir point être traduits hors de leur province :
car Valence eft celle de Vicnne. Le concile commença
le dernier jour de Septembre 1100. 8c il s’y trouva
vingt-quatre prélats, tant archevêques 8c évêques
qu’abbez. L'archevêque de Lion étant malade, y en-
voïa des députez -, & on difoit qu’il avoit empêché les
évêques de Langres 8c de Challón d’y venir : car il
n ’étoit pas content que les légats lui-ôtaffent le jugement
d’un évêque de fa province. L ’évêque de Mâcon
revenant de Rome avoit été pris par-l’antipape-Gui»
b ert, qui le tenoit en prifon : ainfi il n’y -eut delà
Tome X I V . B
A n . i i 00.
E dîner. 5. Nfïw
V I .
Concile de V**
lence.
to. x.conc.f.-yvjà
ex tiug. Fia-v» p»
K