
196 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
•—— cle. L ’évêque & l ’abbé de Nogent allèrent a Beau-
A n . 1114. vais confulter les évêques du concile fur ce qu’il y
avoit à faire. Mais cependant le peuple de Soi/Tons
craignant la douceur des ecclefiaftiques, courut à la
prifon , en tira les hérétiques-, & les brûla hors de
la ville.
5 Au concile de Beauvais le prefenterent des députez
d’Amiens, fe plaignant que leur évêque les av.oit
abandonnez. Raoul archevêque de Reims leur die:
quel front ofez-vous nous porter cette plainte ,
-vous qui par votre indocilité avez chaffé de ibn fiege
.un homme:orné dé toutes fortes de vertus ; L ’avez-
vous jamais trouvé attaché à fon intérêt ou à fon
plaifir ? A llez donc le chercher & le .ramenez avec
vous : car je prens àitémoin le Seigneur Jefus , que
tant que Godefroi vivra /vous n’aurez point d'autre
évêque. Cependant il vint auffi des députez de la
part de Godefroi, avec des. lettres par lefquelles il
déclaroitqu il avoit renonce a 1 évêché, & exhortoit
fes diocefains à chercher un autre pafteur : aifurant
qu’il ne reviendrait point , & qu’il fe fentoït incapable
des fonélions de l’épifcopat : qu’à la vérité il les
avoit inftruits par fes difeours, mais qu’il les avoit
perdus par. fon mauvais exemple.: Cette lettre tira
dés larmes des évêques du concile-, & iis remirent
à délibérer fur cette affaire d'ans k concile qu’ils dévoient
tenir à Soiffons à l’Epiphanie de l ’annêë fui.
v an tem j. . ..
sk}. Uv. ï ï . n.~ -A ce concile furent appeliez par ordre du roi, Henri
abbe de S. Quentin, ou Godefroi avoit été élevé dès 1 enfance, & Hubert moine de Clugny , homme de
grande autorité ; & le concile les envoïa aux freres
L i v r e s o i x a n t e - s t x i e ’ m e . 1517
de la Chartreufe, pour les prier & leur ordonner de
renvoïer au plutôt l ’évêque Godefroi à fon fiege. A
Les peresdu concile lui écrivirentauiïi à lui-même,
lui reprefentant qu’il n’avoit pas dû quitter fon troupeau
fous prétexte de fa perfection particulière ; &
que du vivant d’un évêque les canons ne permettent
pas d’en mettre un autre à fa place, s’il n’eft incapable
par maladie, ou dépofé pour crime. Godefroi
aïant reçu cette lettre , fut fenfiblement affligé, & fc
jetta aux piedsdes Chartreux , les priant avec larmes
de ne pas fouffrir qu’on l’arrachât d’avec eux. Ils
pleuraient de leur côté, & ne laiffoient pas de le
eonfoler : mais ne pouvant réfifter à l ’autorité du
roi & des évêques, ils le renvoïerent en paix. Gode- c
froi fortant de la Chartreufe fe retournoit fouvent
pour la regarder les yeux baignez de larmes , plaignant
fon malheur de n’avoir pû y finir fes jours. Il y
demeura environ trois mois, depuis le jour de S. N icolasdixième
de Décembre , jufques au commencement
du carême.
Il vint d’abord à Reims où le légat Conon tenoit
un autre concile, qui commença le quatrième dimanche
de carême vingt-huitième de Mars 1115. & i l y
excommunia encore l ’empereur Henri. Raoul archevêque
de Reims.y amena l’évêque Godefroi tellement
atténué de jeunes', de veilles & d’autres exeQ
-cices de pieté , qu’à peine pouvoit-il fe foutenir. Le
légat Conon lui reprocha un peu durement d’avoir
•quitté fon troupeau, & l ui enjoignit de préférer le fa-
■lut depluficursà fon utilité particulière. AinfiGodé-
ffroi retourna a fon églife, où il fut reçu comme étant
extrêmement defiré : mais il ne vécut gueres depuis
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