
i i 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
— donne. Pour ee maudit écrit qui a été fait dans le
16 • camp, je le condamne fous un anathême perpétuel y
afin que la mémoire en foit à jamais odieufe , & je
vous prie tous d’en faire de même. Tous s’écrièrent,
Ainfi fo it - il, ainfi foit-il. Brunon évêque de Segni
dit : Rendons grâces à Dieu de ce que nous avons oui
le pape Pafcal condamner de fa propre bouche ce
privilège qui contenoit une herefie. A quoi quelqu'un?
ajouta: Si ce privilège contenoit une herefie, celui
qui l’a fait étoit heretique. Alors Jean évêque de
Gaëte dit avec émotion àlevêque de Segni: Appeliez-
vous le pape heretique, ici en ce concile en notre
préfence ? L’écrit qu’il a fait étoit mauvais, mais ce
n ’etoit pas une herefie. Un autre ajouta : On ne dojt
pas même l’appelter mauvais, puifqu’il a été fait pour
un bien, qui étoit de délivrer le peuple de Dieu. Ce
nom horrible d’herefie mit à bout la patience du pape:
il fit figne de la main 8c dit : Mes frères & mes fei-
gneurs écoutez. Cette églife n’a jamais eu d’herefie ,,
au contraire c’eft ici que toutes les herefies ont été
brifées, fuivant la promeffe du Sauveur, que la foi
de Pierre ne manqueroit point.
Le jeudi le pape ne vint point au concile : il en fut
empêché par plufieurs affaires , principalement celles;
de 1 empereur qu’il traitoit avec l’abbé de C lu gn i,
Jean de Gaëte, Pierre de Léon prefet de Rome & les
autres qui foutenoient le parti de ce prince. Le vendredi
Conon évêque de Prenefte , voulut expliquer
l’excommunication de l’empereur,mais Jean de Gaëte,
Pierre de Léon & les autres partifans de ce prince
lui réfiftoient en face & l’interrompirent plufieurs-
fois. Alors le pape appaifa le bruit du gefte 8c de la
L i v r e 5 o ix a n t e -s i x i e ’m e . n j
voix 8c dit : L’égÜfe primitive du tems des martyrs —
a été floriffante devant Dieu & non devant les A
hommes. Enfuite les empereurs & les rois Ce font
convertis, 8c ont honoré l’églife leur mere, en lui
donnant des terres, des domaines, des dignitez fécu-
îieres , les droits & les ornemens totaux , comme
Conftantin 6c les autres princes fideles : alors leglife
a commencé à être floriffante , tant devant les hommes
que de-vant Dieu. Elle doit donc conferver ce
qu’elle a reçu des rois & des princes, & le difpenfer à
ieà enfans comme elle le juge à propos. Enfuite le
pape voulant caffer le privilège qu’il avoit accordé à
l ’empereur, renouvcllala défenfe prononcée par Grégoire
V II . fous peine d’anathême, de donner ou de
recevoir i’inveftiture.
Alors le cardinal Conon évêque d i e Prenefte7, ren-
-dit ainii compte au pape de fa légation : Saint pere 9
ii j’ai véritablement été votre légat, Sc fi vous voulez
ratifier ce que j’ai fait | déclarez-le,s’il vous plaît, en
préfence de ce concile. Le pape répondit : Oiii vous
avez été notre léga t, 8c tout ce que vous & les autres
cardinaux , évêques & légats avez fait par l’autorité
de notre fiege, je l’approuve 8c le confirme. L’évêquc
.de Prenefte expliqua donc qu’étant légat à Jerufalcm,
i\ avoit appris laÊ perfidie avec laquelle le roi H en r i,
nonobftant fes fermens, avoit pris 8c maltraité le
pape 8ç les .cardinaux 5 ajoutant que pour ces crimes,
de l’avis de l’églife de Jerufalem , il avoit prononcé
fentence d’excommunication contre le roi ; 8c l’avoit
confirmée en Greee , en Hongrie , en Saxe , en Lorraine
& en France, dans cinq conciles de l’avis de ces
ç glifes. Enfin il demanda que le concile de Latran
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