
- 43^ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e s
AN.1131. croix 8c les reliques pour fes armes, il commença
avec Ton clergé à chanter des pfeaumes, pour recommander
à Dieu le combat qu’il alloit foûtenir. Les
barbares en furent touchez ; ils admirèrent ces gens
qui chantoient à l’article de la mort, ils s’adoucirent
8c les plus fages prenant en particulier leurs facrifica-
teurs, difoient que leur devoir étoit de défendre leur
religion par raifon 8c non par force. Ainii ils fe retirèrent
peu à peu. C ’étoit] un (vendredi ; Sc l’eveque
avec les fiens paiferent ce jour 8c le fuivant en jeunes
& en prières.
Il y avoit à Stetin us homme noble nommé V if-
ta c , qui peu de tems auparavant étant allé en cour-
fe fur mer, fut pris parles ennemis 8c enfermé dans
une obfcureprifon. Ayant prié t)ieu ardemment de
le délivrer , il s’endormit Si v it en fonge l’évêque
O tton , qui l’avoit baptifé, au premier v o y a g e , Si qui
lui dit : Je fuis venu pour te dé liv re r , mais ne manque
pas enfuite de porter mes ordrçs à Stetin. Viftac
éveillé eflayede marcher, Si fefent libre de fes fers,
il s’avance à la porte de la prifon 8i la trouve ouverte
: au bord de la mer il rencontre une nacelle avec
laquelle il fe fauve. Etant arrivé à Stetin, il aflemble
les habitans, leur raconte fon aventure , Si ajoute :
Cette ville eft menacée d’une terrible vengeance de
D ieu , parce que vous avez profané fon culte, foit
en le quittant pour les idoles , foit en les joignant
,.3j. avec lui. Quand l’évêque fut arrivé, Viftac parloit
encore plus hardiment contre l’idolâtrie , Si l’exci-
toit à prêcher le peuple.
Le dimanche étant venu , l’évêque après avoir célébré
la meiTe encore revêtu des ornemens 8e la croix
marchant devant lu i, fe fit conduire au milieu de la A n . i i j i .
place publique , 8i monta fur des dégrezde bois d’où
on haranguoit le peuple. Comme il eut commencé ^l6-
à parler Si que la plupart l’écoutoient avec plaifir :
unfacrificateur d’idoles fendit laprefle , Si de fa voix
qui étoit très-forte étouffant celle de l’évêque , il le
chargea d’injures , Si exhorta le peuple à punir cet
ennemi de leurs dieux. Ils avoienttous des dards à la
main, 8i plufîeurs fe mirent en devoir deleslancer:
mais ils demeurèrent immobiles en cette pofture,
fans pouvoir ni darder, ni abaifler les mains, ni fe remuer
de leur place. C ’étoitun fpeètacle agréable aux
fideles ; 8i l’évêque prenant occafion de ce miracle ,
leur dit : Vous voyez , mes freres, quelle eft la puif-
fance du Seigneur : que ne jettez-vous vos dards ?
combien demeurerez vous en cet état? que vos dieux
vous fecourent s’ils le peuvent. Enfin après leur avoir
donné fa benediétion il fe retira.
Cependant les anciens 8c les fages de la ville tin-
rent confeil depuis le matin jufques à minuit, 8c conclurent
qu’il falloir extirper entièrement l’idolâtrie
8c embrafler de nouveau la religion chrétienne. V if tac
vint aufli-tot apporter à l’évêque cette agréable
nouvelle ; 8c le lendemain le prélat les trouva tous
difpofez 8c fournis : il reconcilia les apoftats par l’im-
pofition des mains , batifa les autres, 8c confirma
leur foi par plufieurs miracles. De Scetin.il paffa à c,^;
Julin , dont il rcduifit tous les habitans fans aucun
obftacle,tant ils étoient frappez de l’exemple de la
capitale.
Saint Otton voulut enfuite pafter chez les Ruche- r.it
niens : j ’entens les habitans de l’ifle de Ruden, qui Baudran,Ragijt*
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