
A n. i 144.
V I I .
Mort deLucius*
Eugene III.
pape.
•piß. I.
• iß . 6.
Papebr.Conat.
Vita S. Bern.uu
c. 7. n.z 3. epift•
ap, Bern. 543.
344. 345.
Cod. Vatic, ap.
Bar.
¿04 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
çut fort bien les envoyez du pape , entre lefquels
étoit Gui de Pife cardinal 6c chancelier.
Par une lettre du pape Lucius à Pierre abbé de
Clugni du vingt-deuxième de Septembre 1144. on
voi t qu’il avoit eu une conférence avec le roi de Sicile
: 6c qu’il avoit fait une trêve avec lui. Par la même
lettre le pape mande-a l’abbé Pierre de lui envo
yer treize de fes moines , pour les placer à Rome
comme il f i t , en leur donnant le monaftere de S. Sa-
bas fondé dès le tems de S. Grégoire, afin d’y établir
l ’obfervance : à la charge que ce monaftere feroit dans
la dépendance de l'abbé de Clugni. C ’eft ce qui pa-
roît par la bulle du dix-neuviéme de Janvier 1145.
indidion huitième. Le pape Lucius mourut le treizième
de Février fuivant , ayant tenu le faint fiege
onze mois 6c quatre jou r s , ôc fut enterré dans l’é-
glife de Latran.
Dès le lendemain quatorzième de Février , les
cardinaux afiemblez dans l’églife de S. Cefaire, élurent
pour lui fucceder Bernard, abbé de S. Anaftafe à
Rome. Il étoit de Pife , 8 c avoit été vidame de cette
églife : depuis il entra dans l’ordre de Cî teaux, 6 c paf-
fa quelque tems à Clairvaux fous la difcipline de S.
Bernard. Atenulfeabbé de Farfe en Italie, ayant demandé
à S. Bernard des moines , pour fonder une
communauté, le faint abbé lui envoya Bernard de
Pife avec quelques autres : mais le pape Innocent les
prit pour lui-même, 6c leur donna l’églife & le monaftere
de S. Anaftafe martyr à R om e , près les eaux
Salvienes qu'il fit reparer, 6c en fit abbé Bernard de
Pife l’an 1140. Il en fut donc tiré pour être pape, 6c
ii-tôt- qu’il fut élu, on le mena au palais de Latran, on
L i v r e S o i x a n t e -N i b v i i ’me. 60$
le fit afleoir félon la coutume, dans la chaire pontificale,
6c on le nomma Eugene III. Il devoit être fa-
cré le dimanche fuivant à S. Pierre: mais il fut averti,
que les fenateurs avoient refolu de faire cafter fon élection
par violence s’il ne confirmoit le iènat nouvellement
établi. C ’eft pourquoi il fortit de Rome la
nuit avec quelques cardinaux , 6c fe retira à la forte-
reftede Monticelle; & le lendemain ayant raflemblé
tous les cardinaux qui s’étoient difperfez , craignant
la fureur du p'euple: il fe rendit avec fes domefti-
ques au monaftere de Farfe, où il fut facré le dimanche
fuivant qui étoit la fexagefime&ledix-hui-
tiéme de Février. Il tint le faint fiege huit ans 6c quatre
mois.
Quand S. Bernard eut apris cette éledioft,'iI écrivit
aux cardinaux 6c aux évêques de la cour de Rome
en ces termes : Dieu vous le pardonne, qu’avez-vous
fait * Vous avez retiré un mort du tombeau , 6c replongé
dans la foule 6c dans les affaires, un homme
qui ne cherchoit qu’à s’en éloigner. A quoi avez-
vous penfé d%vous jetter tout d’un coup après la
mort du pape fur un homme ruftique, 6c lui faire
tomber des mains la cognée 6c la bêche, pour le traîner
au palais, l ’éleverfur la chaire, 6c le revêtir de
pourpre ?Ne femble-t-il pas ridicule de prendre un
petit homme couvert de haillons, pour être au deflùs
des princes, commander aux évêques , difpofer des
royaumes 6c des empires î Je ne nie pas que ce ne
puifle être un miracle , veu que j’entends dire à plufieurs
, que c’eft l’ouvrage de Dieu. Mais je ne fuis
pas fans inquiétude : je crains qu’étant modefte 8c
accoutumé au repos, il ne s’acquitte pas des fondions
G g g g ü j
An. i 1 4 J .
V I IL
Lettres de S.
Bernard.
•piß. 157 .