
A n. i i 37. de le Prier de f® Part de n’y Point donner d’att einte>
5c termina, la. première teance. Le lendemain le cardi-
«■ «d nal Gérard d i t , que le pape ne pouvoit accorder ce
que l’empereur demandoit : fçavoit de difpenfet les
moines du ferment, ôc qu’il quitteroit plutôt les or-
nemens pontificaux. Et comme Pierre diacre d it , que
fa communauté avoit toujours été fidele a 1 cSd^e
Romaine, lecardinal dit : Quand vous avez laifle le
pape Innocent pour adhérer aux fchifmatiques, n a-
vez-vous pas été infidèles? Pierre répondit-.Dites-
moi , je vous p rie, eft-ce nous qui 1 avons quitte , ou
lui qui nous a abandonnez? accufant Innocent da-
voir abandonné fon troupeau comme un pafteur
mercenaire, lorfqu’il s’enfuit en France. Sur quoi
l’empereur dit : ce moine fait v o ir , que fi les ouailles
ont fa illi, c’eft la faute du pafteur & non la leur :
c’eft pourquoi il faut prier le pape de leur pardonner
, comme nous leur pardonnons ce qu ils ont fait
contre nous. Ainfi finit la fécondé feance.
c. ni. A la troifiéme , l’empereur d it , que ce différend
ne devoit pointparoître une conteftation juridique:
puifqu’il ne s’agiffoit que de reunir un membre au
ch e f, & réconcilier les enfans à un pere irr ite , qui
après être appaife, en fç iuroit gre a ceux qui les
auroient tiré de fes mains. Le cardinal Gérard dit :
Ne favez-vous pas, feigneur, qu ils ont conjure avec
Roger comte de Sicile, contre 1 eglife Romain e, &
contre vous, & qu’ils ont mêmeoié nous anathema-
tifer ? L’empereur répondit : Je fouffre patiemment
ce que les moines du mont-Caifin ont fait contre
m o i, ôc je leur pardonne de bon coeur : que
le pape leur pardonne auifi ce qu’ils ont fait contre
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L i v r e S o i x a n t e -H u i t i e 'm e . 499 —— *
l’êglife Romaine, & contre lui. Le cardinal reprit : A n .i 137.
Quoique nous agiifions ici pour le pape, nous ne pouvons
toutefois décider fans lui une affaire de cette
importance. Ainfi l’on fe fépara. La nuit fuivante
comme l’empereur à fon ordinaire ne dormoit point,
Pierre diacre fe mit à genoux devant lu i , & lui fit
un difeours pathétique, pour relever la dignité du
mont-Caflin, &c montrer à l’empereur qu’il étoit de
' fon propre intérêt de la conferver.
Dans la quatrième feifion , le cardinal Gérard dit
que le pape ne pouvoit abandonner le droit épifcopal
qu’il avoit fur le mont-Caifin : mais Bertulfe chancelier
de l’empereur foûtint, que ce droit fe réduifoit
à laconfecration de l’abbé. Et comme lecardinal in-
fiftoit fur le ferment que le pape demandoit aux moines
, & difoit que le pape étoit furpris , que l’empereur
prît leur parti contre lui: l’émpereur en colere
dit : Et moi je m’étonne qu’il ne veüille rien faire à
ma priere, vû qu’il y a quatorze mois que je fuis en
campagne avec mon armée pour l’amour de lui : que
j’ai employé à fon fervice l’argent deftiné au fervice low’
de l’état : que je l’ai rétabli fur le faint fiege, 5c lui ai
concilié tous les peuples delà les monts. Il releva en-
fuite la dignité du mont-Caifin & conclut : Ou l’é-
glife Romaine recevra ce monaftere, ou l’empire fe
feparera d’elle. Le cardinal promit d’en faire fon ra-
port au pape, & la féance finit.
Le lendemain le cardinal Gérard déclara, que le »!•
pape en faveur de l’empereur, remettoit aux moines
le ferment de fidélité, mais non le ferment d’obéïf-
fance , ôc ajouta : Il nous a donné ordre de contefter
l’éleCtion de l’abbé faite par des excommuniez en fa-
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