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c.7'
c. 8.
401 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
8c le fecours. La volonté ne s’émeut jamais fans la rai-
fon, quoiqu’elle ne s’émeuve pas toujours félon la rai-1
fon. Or la raifon eft donnée à la volonté pour l’inf-
truire, & non pour la détruire-, Scelle la détruiioit ii
elle lui impofoit quelque neceffité. Car la liberté eft:
effentielle à la volonté ; ôc où il y a neceffité , il n’y a
point de liberté , ni par confequent démérité. Or le
libre arbitre eft nommé libre à eaufe de la volonté,.
8c arbitre à caufe de la raifon.
Il y a trois fortes de liberté : la liberté naturelle ,
que nous avons reçûë par la création , ôc qui nous
exemte de neceffité : la liberté de grâce que nous recevons
par régénération , ôc qui nous délivre du
péché : la liberté de gloire qui nous eft refervéedans
le c ie l, ôc qui nous affranchira de la mifere. La première
liberté convient également à Dieu ôc à toute
créature raifonnable bonne ou mauvaife : mais cette
liberté demeure en nous comme captiv e, fi elle n’eit
accompagnée des deux autres. Car le libre arbitre
nous fait vou loir , mais c’eft la grâce qui nous fait
vouloir le bien : c’eft elle qui nous fait goûter le vra i
8c pouvoir le bien.
L’homme en l’état d’innocence pouvoit pecher ,
non afin qu’il péchât, mais afin qu’il eût le mérité
de s’en abftenir : depuis fa chute il ne peut ne pas pecher
, fans qu’il ait perdu le libre arbitre dont l’effet
eft proprement de vouloir, & non de fe délivrer du
péché ou de la mifere. L e librç arbitre a pu tomber de
lui-même,ôc nonfe relever: cen ’eftquepar J .C. que
nous pouvons recouvrer les deux autres libertez. Car
le libre arbitre ne confifte pas à pouvoir également
Sc avec la même facilité fe porter au bien ôc au mal ï
L i v r e S o i x a n t e -Se p t i ’eme . 403 — — —
ôc l’immobilité dans l’un ou dans l’autre, n’ôtc pas le An. 1119.
libre arbitre. Dieu n’en eft pas moins libre pour ne
pouvoir être mauvais ,c e qui ne vient pas d’une foi-
•ble neceffité, mais d’une volonté ferme dans le bien;
ôc le diable ne laiffe pas d’être libre, quoiqu’il ne
puiffe tendre au bien, puifque ce qui l ’en empêche
11’eft pas la violence d’un autre, mais fa volonté obfti-
née au mal.
La grâce ne nuit point à la liberté , car quoique r. n.
Dieu nous attire, il ne nous fauve pas malgré nous,
ç’eft en nous faifant vouloir le bien : il .en eft de même
de la concupifcence, elle ne nous contraint pas au
mal ; ôc il nous eft toujours libre de n’y pas confentir.
L’homme demeure libre dans les tentations les plus
violentes, telle que fut celle à laquelle S. Pierre fuc- c.u,
,comba. Il aimoic Jefus-Chrift, mais il aimoit encore
plus fa vie -, ôc fon péché fut de prefererla vie du corps
à celle de l’ame, mais il la préféra librement. Ainfi
quelque violence qu’on nous faffe, nous ne péchons
que parce que nous le voulons. Enfin toute l'aélion £.14:
du libre arbitre Ôc tout fon mérité eft de confentir à
la grâce : encore ce confentement vient-il de Dieu,
qui opere en nous de penfer le bien, Ôc de levouloir
ôc de l’accomplir : il fait le premier fans nous, le fécond
avec nous , ôc le troifiéme par nous. S. Bernard
déclaré, qu’en ce traité il s’attache uniquement à la ».4S.
doéfrine de S, Paul.
Quelque tems après, comme S. Bernard paffoit
près de Paris, l’évêque Etienne ôc les autres qui fe "'ie'
trouvèrent preferis, le prioient inftamment devenir
dans la v i l le , fans le pouvoir obtenir. Car il cvitoit
avec grand foin les affemblées, s’il n’avoit quelque
E e e ij