
2io H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
—- ,---------- évêques de Chartres, de Paris & d’Orleans, d’èxcom-
A N. 1116. munier Rotrou comte du Perche, pour avoir ufurpé
tpiji. 11,. le bien d’un feigneur croifé. Mais comme Rotrou of-
froit de juftifier fa conduite, Yves refufa de l’excommunier
fans connoiifance de caufe , foutenant que
telle devoir être l’intention du pape , 8c qu’en ufcr
autrement feroit un brigandage 8c un mépris de tou-
epiji. ioj. tes les loix divines & humaines. Il condamne l’épreu-
ve du fer chaud, difant que c’eft tenter D ieu, 8c que
«N&147- par B o n a fouvent abfous des coupables 8c condamné
des innocens ; & toutefois il la permet comme
neceifaire au défaut des autres preuves, ainfi que le
ferment. Il défend aux juges ecclefiaftiques d’ordonner
le d u e l, à caufe de l’effufion du fang.
Le fucceifeur d’Yves dans le fiege de Chartres fut
Geofroi homme de mérité, dont il fera fouvent parlé
dans la fuite : mais fon élection ne fut pas fans difft-
vitaKob.de Arbr. culté. Quoiqu’elle eût été faite du commun confen-
Tuf"11’ 5- P' tement du clergé , le comte de Chartres s'y*oppofa
avec tant de violence , qu’il confifqua les biens de
quelques chanoines , &c ils craignoient même d?être
mis en pièces. Quelques perfonnes puiflàntesétoient
venues à Chartres pour appaifer cette divifion, entre
autres Bernard abbé de T iro n , mais inutilement ; &
le mal augmentoit tous les jours : car le comte avoit
déjà pillé les maifons des chanoines, les avoit enfermez
dans leur cloître , & chaflé de la ville G eo fro i,
que le clergé avoit élu 8c intronifé.
xxxiv. En cette extrémité les chanoines de Chartres eu-
<rAiferiÊues,°bett rcnt recours à Robert d’Arbriiïelles, & l’envoïerent
prier inftamment de venir. Quoiqu’il fût confidera-
blement malade, quand on lui demanda s’il pouvoir
L i v r e s o i x a n t e -s i x i e ’m e . 211
aller à Chartres, il répondit que tout lui étoit poffi- “ '
ble jufques à la mort ; & étant arrivé il parla aux uns N ' mtf’
8c aux autres avec tant de force 8c de grâce, qu’il les
réconcilia. Le comte rendit aux chanoines non feulement
tout ce qu’il leur avoit pris, mais fon ancienne
amitié ; il confentit à l’éleéhion de G eo fro i, &c lui
permit de revenir dans la ville , & il tint ce fiege
paifiblement vingt-deux ans. En ce dernier voïage
que Robert d’Arbriffelles fit à Chartres, il abolit la
fimonie qui regnoit chez les chanoines, & leur fit
prêter ferment.
Depuis la fondation de Fontevraud ce monaftere sup. Uv. lxy.».
s’accrut considérablement par les liberalitez des rois Avux prbm.c,
ôc des feigneurs ; &c Robert y affembla jufques à trois 4‘
mille perfonnes de l’un &c de l’autre fexe , car il n’en
rejettoit aucune. Il recevoir les pecheurs & les pe-
chereifes , les pauvres , les eftropiez , & jufques aux
lépreux , & les faifoit vivre chacun félon qu’il leur
convenoit. Outre le principal monaftere il en fonda
plufieurs autres en diverfes provinces ; 8c un des prc-
miers fut celui de Hautes-Bruyeres,dontle fonds fut
donné par Bertrade veuve du roi Philippe, qui y finit
fes jours. Robert étant tombé malade à Fontevraud,
affembla les freres 8c leur dit : Jevoi, mes enfans, que »•
ma fin eft proche,: c’eft pourquoi je vous demande fi
vous voulez perfeverer dans votre réfolution, &
obéir aux fervantes de J. C . car vous fçavcz que je
leur ai fournis toutes les maifons que j’ai bâties. Ils
lui promirent tous de ne les jamais quitter. Quelques
jours après fa fièvre continuant, il délibéra avec eux
fur le choix d’une abbeiTe , en prefence de quelques
évêques & de quelques abbez qu’il avoit fait venir;&
D d ij
ï lim