
l y i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
• de clercs & de laïques. Le concile commença le dixÀ
N. m i . huitième jour de Mars n u . Le quatrième jour on
parla des Guibertins , qui faifoient leurs fondtions
nonobftant l’interdidtion, prétendant en avoir per-
milfion du pape. Le pape dit : Je n’ai point abfous
generalement les excommuniez, comme difent quelques
uns : car il eft certain que perfonne ne peut
être abfous fans penitence & fatisfadtion. Je n’ai
point rétabli les Guibertins : au contraire , je confirme
la fentence que l’églife a prononcée contre
eux.
Le cinquième jour le pape raconta à tout le concile
comment il avoit été pris par le roi Henri, avec des
évêques, des cardinaux & plufieurs autres i & forcé
contre fa réfolution pour la délivrance des prifon-
niers , la paix du peuple & la liberté de leglife , de
donner au roi par écrit une conceffion des invefti-
tures qu’il avoit fouvent défendues. J’ai fait jurer ,
ajouta-t-il, par les évêques & les cardinaux , que je
n’inquieterois plus le roi à ce fu je t, & que je ne prononcerais
point d’anathême contre lui. Or quoique le
roi Henri ait mal obfervé fon ferment, toutefois je ne
l ’anathématiferai jamais, & ne l’inquieterai jamais
au fujet des inveftitures : lui & les fiens auront Dieu
pour juge d’avoir rejetté nos avertiifemens. Mais,
quant à l’écrit que j’ai fait par contrainte fans lecon-
feil de mes freres & fans leurs fouferiptions, je re-
connois qu’il a été mal fait, & je defire qu’il foit corrigé
: biffant la maniéré de la corredtion au jugement
de cette affemblée , afin que ni leg life ni mon amc
n’en fouffrent aucun préjudice .Tout le concile réfolut
nue les plus faees & les plus fçavans d’entre eux délibereroient
L i v r e s o i x a n t e- s t x i e’m e . îjj
bereroient mûrement fur ce fujet pour rendre leur
réponfe le lendemain.
Le iîxiéme jour du concile qui fut le dernier, le
pape commença’ par fe purger du foupçon d’herefie ,
dont on accufoit ceux qui approuvoient les inveftitures
; & pour cet effet il fit la profelhon de foi en
prefence de tout le concile. Il y déclara qu’il recevoir
toutes les faintes écritures tant de l’ancien que
du nouveau teftament, les quatre premiers conciles
généraux & le concile d’Antioche , les décrets des
papes , &c principalement de Grégoire V II . & d’Urbain
II. J’approuve, ajouta-t-il, ce qu’ils ont approuvé
, je condamne ce qu’ils ont condamné, je défends
tout ce qu’ils ont défendu, & je perfevererai toujours
dans ces fentimens.
Enfuite Girard évêque d’Angoulême , légat en
Aquitaine, fe leva au milieu de l’affemblée , & du
confentement du pape & du concile , lut un écrit en
ces termes : Nous tous affemblez en ce faintconcile,
condamnons par l’autorité eeelefiaftique & le jugement
du faint Efprit, le privilège extorqué du pape
Pafçal par la volonté du roi Henri : nous le jugeons
nul &lecaffons abfolument ; & défendons fous peine
d’excommunication , qu’il ait aucune autorité. C e-
que nous faifons à caufe de ce qui eft contenu dans
ce privilège, qu’un évêque élû canoniquement par
le clergé & le peuple, ne fera point facré qu’il n’ait
jeçû auparavant l’inveftiture du roi : ce qui eft contre
le faint Efprit & l’inftitutioncanonique. Après.cette
lefture tous s’écrièrent : jimen , amen : ainfi foit-il,
ainfi foit-il. Cet écrit avoit été dreffé par Girard
évêque d’Angoulême , Léon d’Qftie , Grégoire de
• Tome X 1 F . V
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