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■■ ■ .toute la province , ou il parle ainfi : Nos peres n’ont
Art. iuz> point ordonné que l’évêque du premier fiege pût appel
lcr les éyêques à un concile hors de leurpro-vince ,
fi ce n ’étoit par ordre du faint liege, ou qu’une églife
particulière appellât au premier fiege pour des cau-
fes qu’elle ne pouvoir terminer dans la province,
|1 apporte fur ce fujet les autoritez des papes, puis il
' ajoute :
Quant aux i-n-veftitures dont vous voulez parler
,en ce concile , vous découvrirez la honte de votre
pere au lieu de la cacher : car ce que le pape a fait
pour éviter laruine de fon peuple , il y a été contraint
par la neeeilité , mais fa volonté ne l’a point approuvé.
Ç e qui paroît en ce que fi-tôt qu’il a été hors du
p é r il, comme il l’a écrit à quelques-uns de nous , il
a ordonné & défendu ce qu’il ordonnoit & défendoit
auparavant, quoique dans le péril il ait permis de
drefler quelques écrits déteftables, Ainfi Pierre ré-
para fes trois reniemens par trois confeifions : ainfi
îe pape Marcellin féduit par les impies, offrit de Ten-r
cens devant l’idole , & peu de jours après reçut la
couronne du martyte, fans avoir été jugé par fes frétés.
Dieu a permis ces chutes dans les plus grands
hommes , afin que les autres connoiffent leur fo i-
b lcfle, qu’ils craignent de tomber de même , ou fe
relevent promptement,
Que fi le pape n’ufe pas encore contre le roi d’A llemagne
de la feverité qu’il mérité , nous croïons
qu'il différé exprès, fuivant le jugement de quelques
doéteurs, qui confeillent de s’expofer à de moindres
périls,pour en éviter de plus grands. Yves rapporte ici
w.fftft.iurm. un grand paffage çjb troifiémç livre de S. Auguftiq
L i v r e s o i x a n t e - s i x i e ’me.' ijp
contre Parmenien, où il dit que fuivant la faine dif- «---------
cipline de l’églife on ne doit emploïer l’anathême A n . n
que contre les particuliers, & quand il n’y a aucun
péril de fchifme. Mais quand le coupable eil affez
puiffant pour entraîner la multitude , ou quand tout
le peuple eft coupable, il ne refte aux gens de bien
que de gémir devant Dieu ; car les confeils de réparation
font inutiles & pernicieux. Yves de Chartres
continue : D ’ailleurs il ne nous paroît pas utile d aller à
un concile, ou nous ne pouvons condamner les accu-
fe z , parce qu’ils ne font fournis au jugement d’aucun
homme. Le Sauveur lui-même nous ordonne d’obéïr
a ceux qui font en de telles places , quand même ils
feroient femblables aux Pharifiens, pourvu qu’ils en-
feignent bien , quoiqu’ils faffent mal. Il faut donc
couvrir l’opprobre du facerdoce, de peur de nous ex-
pofer a la nfée de nos ennemis, ôc d’affoiblir l’églife-
en voulant la fortifier. Ainfi nous eroïons êtreexcu-
fables, fi nousnousabftenons de déchirer le pape par
nos difeours , & fi nous exeufons avec une charité filiale
ce qu’il a accordéauroi d’Allemagne. Cariepré-
varicateur de la loi n’eft pas celui qui peche par fur-
priffe ou parneceflité, mais celui qui combat la loi de’
deifein formé, & qui ne veut pas reconnoîcreiafaute.
Nous approuvons même la conduite du pape , fii
votant le peuple menacé de fa ruine , il s’eft expofé'
au péril pour remedier à de plus grands maux. I f
n eft pas le premier qui a ufé de tempérament- &
d indulgence ielon lès ôccafions.
Enfin quant à ce que quelques-ufts appellent héréi-
fie 1 inveftiture, l’héréfie n’eft que ferveurdânslafoi..
La foi & 1 erreur procèdent du coeur , & cette invefti