
A n. i 146.
XVI.
S. Bernard en
Allemagne.
Otto. 1 * Trid.c»
39.iv . c. 3 .Fît*
S. Bernard, lib•
v i . r . i .
r.4.
«7. I.
611 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
des Juifs, qui les fondoient , ou les employoient à
des ufages profanes. L’abbé de Clugni exhorte le roi
à punir ces facrileges; & à prendre iur les Juifs de
quoi faire la guerre aux Sarralrns.
S. Bernard alla lui-même prêcher la croifade en
Allemagne , & vint à Mayence où il trouva le moine
Rodolfe en grand crédit auprès du peuple. Il le fit
venir, lui reprefenta, qu’ilagifloit contre le devoir
de fa profeifion : & enfin le reduifit à lui promettre
obéïffance, & à retourner'dans fon monaftcre. Le
peuple en fut fort indigné, & vouloit exciter une fe-
dition, s’il n’eût été retenu par la confideration de la
fainteté de Bernard. Etant allé à Francfort trouver le
roi Conrad, pour mettre la paix entre lui & quelques
feigneurs : il prit le roi en particulier , & l'exhorta à
fe croifer lui-même pour le falut de fon ame : mais
le roi lui dit, qu’il n’y avoir point d’inclination ; &
le faint abbé n’ofa l’en prefler d’avanrage, Hertnan
évêque de Confiance-, qui fe trouvoic à Francfort
auprès du roi , pria inftamment S.Bernard devenir
chez lui. Il y avoir grande répugnance, étant preflé
de retourner à Clairvaux , dont il étoit abfent depuis
près d’un an : mais il fe laifla vaincre à la perfeve-
rance de l’évêque de Confiance , qui l’en fit prier par
les autres évêques, & par le roi même; & il crut con-
noître que c’étoit la volonté de Dieu. En ce voyage
il fit un grand nombre de miracles , dont nous avons
une relation exaéte, écrite à la priere de Samfon archevêque
de Reims , par Philippe, qui accompa-
gnoit le faint abbé dans ce voyage, étant archidiacre
de Liege : mais il fe convertit alors , 6c aü retour le
rendit moine à Clairyaux. Cette relation efi un jour-
L i v r e S o i x a n t e N e u v i ’e m e . 62,3 *------------
nal depuis le premier dimanche de l’A vent premier
j o u r de Décembre 1 i4<».jufques au jeudi fécond jour
de Janvier 1147. Philippe fait parler tous ceux qui
avoient été avec lui témoins de ces miracles, fçavoir,
Herman évêque de Confiance & Everard ion chapelain,
deuxabbez Baudouin & Frouin,deux moines
Gérard & Geoifroi, trois clerc s, Philippe, qui efi
l ’auteur , Otton &Francon: enfin Alexandre de Col
o g n e , quife joignit à eux dans le voyage. Ce font dix
témoins de ces miracles.
Le journal commence ainfi : l’évêque Herman MiLT/sdes.
dit : le curé du village d’Herenheim étant appelle BetMr<u
exprès, m’a déclaré , qu’un homme aveugle depuis
dix ans, qui étoit de fa maifon , ayant reçu le figne
de la croix en paifant, le premier dimanche del’A-
vent, recouvra la vûë auilî-tôt qu’il fut arrivé dans
la maifon : je l’avois déjà oüi dire à un autre , & la
chofeeft très certaine dans tout le pays. Le chapelain
Everard dit : J’ai oüi dire à deux hommes d’honneur ,
l’un prêtre & l’autre moine, qu’au village de Lapen-
heim , deux aveugles ont recouvré la vue le même
jourpar le figne de la croix. Philippe : le lundi en
ma prefence, un vieillard aveugle fût amené à l’égli-
fe-, 8c après l’impofition des mains , tout le peuple
cria qu’il avoit recouvré la vue , comme vous l’entendîtes
tous. L’abbé Frouin : Je le vis qui voyoit
clair, ôc le frere Geoffroi le vit ave.c moi. Francon:
Le mardi à Fribourg , une mere prefenta au logis ion
enfant qui étoit Iveugle : & comme elle le reportoit
après l’impofition des mains, l’abbé fit demander à
l’enfant s’il voyoit : je le fuivis moi-même, je l’interrogeai,
Sc il me répondit qu’il voyoit clair : ce qui fut