
„ . 386 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
A n .i x i 8. A u commencement de l’année .1118. le cardinal
Matthieu évêque d’Albane, & légat du pape en Franc
e , tint un concile à Tro y e s , où il appeila faint Bernard.
Le faint abbé s’en excufa d’abord par une lettre
où après avoir marqué qu’il avoir été retenu par
une fievre aiguë , il ajoute : C ’eft à nos amis à j uger il
cette caufe de demeure eft jufte : eux qui fans' admettre
aucune excufe, veulent fous pretexte d’obeïf-
fance, me traîner tous les jours de mon cloître dans
les villes ; & trouvent mauvais que je leur dife avec
l ’epoufe : j ’ai bté ma tunique , comment la reprendrai
je ? j’ai lavé mes pieds , comment les falirai-je?
ces affaires pour lefquelleson veut interrompre mon
filence, font faciles ou non. Si elles-font faciles , on
peut les faire fans moi : li elles font difficiles, je ne
puis les faire; à moins qu’on ne me croye capable
de ce qui eft impoffible aux autres. S’il eft ainfi , je
luis le feul, o mon Dieu, en qui votre jugement s’eft
trompé, en appellant à la v ie monaftique un homme
fi necefîaire au monde, & fans qui les évêques ne
peuvent traiter leurs affaires.
Il ne laiffa pas de venir au Concile de Troyes qui
fe tint à la S. Hilaire treizième de Janvier 112.8. Le le-
}■ gat Matthieu y prefidoit, puis Rainald archevêque
de Reims, Henri de Sens, àc les évêques de Chartres»
de Soiffons, de Paris, de T ro y e s , d’O rleans, d’Au-
xerre , deMeaux, de Chaalons» de Laon , de Beau-
Mariot. ub.!!■ va js } treize en to u t..Raoul le Vert archevêque de
s1* Reims étoit mort le vingt troiftéme de Juillet 11 *4.
35.h» &c Rainald de Martigné évêque d’Angers depuis
vingt-quatre ans,avoit été transféré à R eims, dont
il prit poffeffion au mois d’Oétobre de la même annee
L IV .
Concile de
Troyes.
epijl. z i .
Cant,i. 5.
L i v r e S o i x a n t e - S e p t i e ’me . 387
1 î 14. & gouverna cette églife quatorze ans. il y avoit
auffi plùiieurs abbez au concile de Troyes : Rainald
de V e ze la i, qui la même année devint archevêque
de Lion : les abbez de Cîteaux, de Pontigni , de
C la irv au x , qui étoit S. Bernard: de T rois Fontaines,
de S. Denis de Reims, de S. Eftienne de D ijon & de
Molefme. Il y avoit deux doèfeurs fameux, Alberic de
Reims & Fouger : entre les laïques , Thibaut comte
de Champagne , le comte de Nevers , & Hugues
maître de la nouvelle milice du temple, avec cinq de
fes confrères.
Ce nouvel ordre militaire avoit commencé à Je-
xufalem neuf ans auparavant, c ’eft-à-dire l'an 1118.
Quelques chevaliers hommes nobles & craignans
D ieu , fe dévoilèrent à fon fervice entre les mains du
patriarche ; & promirent de v iv re perpétuellement
dans lachafteté , l’obéïffance &z la pauvreté comme
des chanoines. Les deux principaux étoient Hugues
desPayens & Geoffroi de S. Aldemar ; & comme ils
n’avoient ni églife ni habitation certaine , le roi de
Jerufalem leur donna un logement dans un palais qu’il
avoit près le temple : de là leur vint le nom de T em pliers.
Les chanoines du temple leur donnèrent une
place près ce palais pour y bacir les lieux réguliers :
le roi &i les feigneurs , le patriarche & les prélats leur
donnèrent quelque revenu de leurs’domaines pour
leur nourriture ¿ leu rv ê tem en t. Leur premièrepro-
meffé, &c le premier devoir qui leur fut impofé par le
patriarche & par les autres évêques, pour la remif-
fion de leurs pechez, fut de garder les chemins contre
les voleurs 5c les partifans , principalement pour la
fûreté des pèlerins.
C e c ij
A n. i i z S.
lv.
Ordre desTem-
pliers.
Gui II. Tyr. x i r<*
h i f t . c j .