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Suite du <
dle.de Reims.
181 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
foricr de la mêmeéglife, qui après la mort del’évêque
O b e r t , alla trouver l’empereur H en r i, & en obtint
l’inveftiturc de l’évêché de Liege pour fept mille
livres d’argent comme on difoit. Frideric archevêque
de Cologne $ métropolitain de la province , défendit
aux Liegeois de le recevoir -, & après l’avoir cité trois
fo is , il fit élire à Cologne le frerc du comte de Na -
lnur, & l’envoïa au pape pour le facrer. Mais A le xandre
foutenu par le duc de Louvain &c d’autres fei-
gneurs, fe retira à Hui où il fut aflîegé. La guerre
dura quelque tems ; & quoique Frideric eût l’avantage
, & demeurât évêque de Liege ,,le parti d’Alexandre
l’inquieta toujours ; & enfin la fécondé année
de fon pontificat ils l’empoifonnerent.
Le lundi vingt-feptiéme d’Oétobre, fesféances du
concile de Reims recommencèrent : mais à peine le
pape y pût-il venir ce jour là , tant il étoit incommodé
de la fatigue du jour précèdent ; & il fe contenta
d’y faire expofer lcfuccès de fon voïage. Ce fut
Jean de Creme prêtre cardinal qui en fit la relation
en ces termes : Vous fçavez que nous avons été à
Moufon , mais ç’a été fans, aucun fruit. Car l’empereur
y eft venu comme pour combattre avec une armée
de près de trente mille hommes. Ce qu’aïant vû
nous avons tenu le pape enfermé dans cette place,
qui appartient à l’archevêque de Reims. Nous avons
demandé plufieurs fois à parler à l’empereur en particulier
: mais fi-tôr que nous le tirions à p a r t, nous
nous trouvions environnez d’un nombre infini des
gens de fa fuite qui nous intimidoient en branlant
leurs lances & leurs épées. Car nous étions venus-
fans armes „non pour combattre, mais pour traiter
L i v r e s o i x a n t e - s e p t i e ’ m e . z 8j
la paix de l’églife. L’empereur nous parloit artificieu-
fement, ufant de divers détours, &c attendoit que
le pape vînt en fa préfence pour le prendre : mais nous
eûmes grand foin de le lui cacher , nous fouvenant
commen t il avoit pris à Rome le pape Pafcal. La nuit
nous fépara ; & craignant que ce tyran ne nous pour-
fuivît avec fes troupes, nousfommes revenus au plus
vîte.
Le mardi vingt-huitième d’Oétobre le pape fe
trouva fi mal, qu’il ne put venir au concile. Le mercredi
il y vint vers les neuf heures du matin,reçut
diverfes plaintes, & traita plufieurs affaires jufqu’à
trois heures. L’archevêque de Cologne envoïa au
pape des députez avec des lettres ; & lui promettant
obéiffance, fit avec lui fa paix : lui rendant gratuitement
le fils de Pierre de Léon qu’il avoit en otage.
Alors ce jeune homme parut dans le concile. Il étoit
richement vêtu , mais no ir , pâle , & de fi mauvaife
mine, que les affiftans letrouvoient plus femblable à
un Juif ou à un Sarrafin qu’à un Chrétien. On s’en
moqua, & on le chargea d’imprécations à caufe de
fon pere qui avoit été J u if, &c étoit encore odieux
pour fes ufures. L’archevêque de Lion fe leva avec
fes fuffragans, & fe plaignit au nom de l’évêque de
Mafcon, des entreprifes de l’abbé de C lu g n i, contre
lequel plufieurs autres moines & clercs formèrent
aulfi des plaintes, & firent grand bruit. Quand on
eut fait filence, Pons abbé de Clugni fe leva avec une
grande troupe de moines, & foutint qu’il n’avoit fait
tort à perfonne , & que toutes ces plaintes n’étoient
fondées que fur le foin qu’il avoit de conferver les
biens & les privilèges de fon monafterè. C ’eft, ajouta-
N n ij
A n . i i i ?,
Sup. Uvo LXVl.
». J.