
A n . 1103.
XXVIII.
Saine Anfelme
iecourne à Rome,
Sp* z . conc. ep. 3 ;
5 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
font revenus & ont rapporté des lettres : je prie qu’on
les l ife , pour voir s’il s’y trouvera quelque chofe
qui me permette de condefcendre à la volonté du
roi. Le roi répondit : Je ne fouffrirai plus de ces d é tours
, je veux une décifion : qu’ai-je affaire du pape
pour regler mes droits ? Quiconque me les veut
ôter eft mon ennemi. Enfin il fit dire à l’archevêquô
qu’il le prioit d’aller lui-même à R om e , & de s’e fforcer
d’obtenir pour lui ce que les autres n’avoient
pû. Anfelme vie bien où tendoit cette propofition ,
c’eft-à-dire, à le faire fortir du roïaume ; & il fit convenir
le roi de différer jufquaPâque, pour prendre
l’avis des évêques Si des feigneurs. Pâques cette année
fut le vingt-neuvième de Mars. Anfelme vint
à la co u r , & d’un commun avis on le pria de faire le
voïage de Rome. Puifque vous le vou lez , dit-il, je
le ferai nonobftant mon âge .& la foibleffe de ma
fanté : mais fçaehez que je ne demanderai rien au
pape qui puiffe nuire à mon honneur ou à la liberté
des églifes. On convint que le roi envoièroit un
député de fa part.
Anfelme quitta donc la cour après les fêtes, voulant
fortir au plûtôt d’Angleterre , & s’embarqua le
vingt-feptiéme d’Avril 1103. Il arriva à Guiffand ,
paffa à Boulogne , entra en Normandie & vint au
B e c , où il ouvrit la derniere lettre qu’il avoir reçue
du pape , & qu’il n’avoit pas voulu ouvrir p lû tô t,
pour ne pas donner prétexte au roi de la contefter.
Elle étoit dattée du douzième de Décembre n o i . &
portoit un défaveu formel de ce que les évêques en-
voïez par le roi d’Angleterre lui avoient rapporté.
C ’eft-à-dire que le pape ne condamnoit point les inveftitures,
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ünveftitures, mais qu il n avoir pas voulu le déclarer
par écrit, de peur de s’attirer les plaintes des autres
princes. Le pape ajoute : Nous prenons à témoin
Jefus qui fonde les coeurs , que jamais une penfée fi
criminelle ne nous eft tombée dans l’efprit ; & Dieu
nous garde d’avoir autre chofe à la bouche que dans
le coeur. Et enfuite : Quant aux évêques qui ont
changé la vérité en menfonge, nous les excluons de
la grâce de faint Pierre & de notre fociete , jufqu a
ce qu’ils fatisfaffent à l’églife Romaine ; & nous déclarons
excommuniez ceux qui pendant ce délai ont
reçû l’inveftiture ou l’ordination, & ceux qui les ont
ordonnez.
Anfelme étoit à Chartres à la Pentecôte, & vou-
loit paffer outre, quand l’évêque Ives & d’autres per-
fonnes fages lui confeillerent de ne pas s’expofer aux
chaleurs d’Italie en cette faifon. Il retourna donc au
B e c , où il demeura jufqu’à la mi-Août, s’appliquant
infatigablement à l’édification des moines. Enfin il
arriva heureufement à R om e , & y trouva l’envoïé
du roi qui l’avoit prévenu de quelques jours. C ’étoit
Guillaume de Varelvaft , depuis évêque d’Exceftrc ,
le même que le roi Guillaume le roux avoit envoie à
Rome pour la même affaire quelques années auparavant.
Anfelme fut logé au palais de Latran dans le
même appartement que le pape Urbain II. lui avoit
donné. Le pape Pafcal aïant marqué le jour pour
examiner l’affaire , Guillaume de Varelvaft plaida la
caufe du roi avec beaucoup d’éloquence, repréfen-
tant l’état du roïaume d’Angleterre , les bienfaits des
rois envers la cour de Rome , qui leur avoient attire
des privilèges particuliers du faint fiege : qu’il feroit
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