
An.m.34*
X X V i .
ï in du cardinal
Matthieu.
T e t r . C h tn . , ri u
,m i r . c . i j .
e. io»
c. 13.
470 H [ S T O I R l ' E C.C 1 ES I AS T I QUE.
Le cardinal Matthieu «évêque d’Albarie retourna a
Pife malade d’un cours, de ventre , qu’ il avoit contra
d e tant par la fatigue du vo y a g e , que par d’ardeur
du foleil i car c e to it l’écé. il combatit pendant quatre
mois’8c demi contre fon mal, fans vouloir fe mettre
au l i t , ni rien obmettre de fes occupations ordinaires.
il travàilloit affiduement à la Cour du pape
aux affaires ecelefiàftiques, il s’acquittoit fidelement
de l’office divin Sc delà longue pfalmodie de Clu gn i,
Si difoit tous les jours la meife fuivant fa coutume.
Il réfifta ainfi depuis le quinzième de Ju illet, jufques
au premier de Décembre, fans que perfonne lui pût
perfuader de fe ménager: Enfin la premiere femaine
de l’Avent la nature défaillant, il fut obligé de fe
mettre au lit ; 8c voyant que fa fin étoit proche , il
appella les moines qui le fervoient, 8c les chargea de
faluer de fa part l’abbé 8c les principaux officiers de
C lu gn i, 8c fur tout fes chers enfans de S. Martin des
champs, ilfaifoitfaconfeffionàtousceux qui le ve-
noient voir 8c leur demandoit l’abfolution fuivant
l’ufage monaftique: c’eft-à-dire leurs prières pour la
remiffion de fes pechez. En recevant le viatique il fit
fa profeffion de toi iur «cefacrement, 8c dit : Je con-
feffe que ce facré corps de mon Sauveur eft vraiment
8c eifentiellement celui qu’ il à pris de la fainte Vierge,
qui a été crucifié pour le falut du monde , qui eft ref-
fufeité 8c monté au ciel , 8c qui viendra juger les
vivans 8c les morts : par lequel j ’efpere lui être incorporé
, devenir un avec lu i , 8c avoir la vie éternelle, il
mourut fur lacendre 8c le cilice, le matin du jour de
N o ë l, Sc fut enterré le lendemain, après que le pape
eut célébré lui-même la meife folemnelle furie corps,
L i v r e S o i x a n t e - H u i t i eme . 4^1 •
Cependant S. Bernard revînt en France ; 8c corn- An. 113 3.
me il paifoit les A lpe s, les paftres defeendoient du
haut des rochers, 8c lui demandoient de loin fa be- Bernard
nediétion : puis ils retournoient à leurs troupeaux , v£ ïi? 'n' c's"
fe réjoüiffânt de l’avoir v û , 8c de ce qu’il avoit étendu
la main fur eux. Arrivant àClairvaux il fut reçu
par fes freres avec une joye qui éclatoit fur leurs vi~
fages,mais fans préjudice de la gravité 8c de la mo-
deftie religieufe. Il ne trouva rien de dérangé dans
fa communauté après une fi longue abfençe t ni
plaintes à écouter, ni différends à appaifer , l’union
s’y étoit confervée parfaite. Ceuxdontil prenoïteori-
feil , fçavoir fes freres Sc le prieur Geofroi , depuis
évêque de Langres lui reprefenterent que le monaf-
tere ne pouvoit plus fuffire à une communauté fi
nombreufe, 8c qu’il étoit bâti dans un lieu trop ferré
pour pouvoir l’étendre r lui en montrant un plus
commode. Le faint abbé leur dit : Vous voyez que
cette maifon a été bâtie à grands frais , fi nous l’abat-
îons les gens du monde nous accuferonsde legereté,.
ou diront que les richefles nous-font tourner la tête ::
quoique nous nefoyons point riches car vous fçavezr.
que nous n’avons point d’argent ; 8c par confequent
il y auroit de la témérité, félon l’évan g ile , â entreprendre
un bâtiment. Ils répondirent cela feroitbom Xiv.is;
fi depuis que notre: maifon eft. achevée,. Dieu avoit
ceffé d’y envoyer des habitans r maispuifqu’il augmente
tous, les jours, fon troupeau , il faut chaffer
ceux qu’il en vo y é , ou pourvoir à leur logement-, 8c
il ne faut pas douter qu’il n’en prenne foin, Iui-mê- ,
me. L’abbé fe rendit ^ 8c le deffein du nouveau bâtiment
étant devenu p u b l i c T h ib a u d comte de: