
9ti
¥
. 478 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i qjü e.
A n. i i34. mons fur le champ: les novices y afliftoient, mais
non les freres convers, ôc il marque fouvent que fes
auditeurs étoient inftruits des faintes écritures. L'heure
de fes fermons étoit ou le matin avant la mefie, ôc
le travail manuel, ou le foir. Saint Bernard fit ainfi les
vingt-trois premiers pendant 1 annee 1 136. 8c la fui-
vante jufqua fon troifiéme voyage d’Italie. Voici
comme il commence le premier: il vous faut dire,
mes frères, d'autres chofes qu'aux gens du fiecle, ou
du moins d’une autre maniéré ; ils ont befoin de lait,
félon l’Apôtre, ôc vous de viande folide. Il marque
enfuite qu’ils font fuffifamment inftruits des deux autres
livres de Salomon, les Proverbes ôc l'Eccle-
fiafte.
Bernard chartreux de la maifon des Portes près de
Bellai, avoit demandé au faint abbé quelque ouvrag.e
sem.efiji.ia. fpirituel, 8c il s’en défendoit depuis long-tems, craignant
de ne pouvoir rien faire qui fut digne de ce
pieux folitaire. Enfin il lui promit les premiers de
ces fermons fur le Cantique, quoiqu’il ne les eût pas
encore rendus publics : Sc il les lui envoya quelque
tems après, le priant quand il les auroit lus, de lui
mander s’il devoir continuer. Le pape Innocent con-
noiffant le mérite de Bernard des Portes , le choific
pour un évêché de Lombardie: mais S. Bernard écriv
it au pape pour l’en détourner. Non qu’il ne jugeât
ce chartreux très-digne de l’épifeopat, mais à caufe
de l'infolence ôc de l’inquietude des Lombards. Que
fera, dit-il, ce jeune homme d’une fanté affaiblie 8c
accoûturné au repos de la folitude dans un peuple
barbare, tumultueux8corageux? Comment accorder
tant de fainteté 5c tant de corruption; tant de fimplitfifl.
155.
L i v r e So i x a n t e - H u i t i e ’m e . 479 ---------- -
cité 8c tant de fourberie? refervez-le , je vous prie , An . i 135.
pour un lieu plus convenable 8c pour un peuple qu’il
puiffe gouverner plus utilement. Le confcil de faint
Bernard fut fu iv i , 8c Bernard des Portes fut pourvû
de l’évêché de Bellai qu’il quitta après quelques années,
8c revint à fa Chartreufe.
. Ce fut vers le même tems 8c avant l’an 1136. que xxxii.
faint Bernard écrivit fon exhortation aux Templiers, auxEtcmpHcx°s?
àlaprierede Hugues leur premier maître, mais de- ofufe.e.
puis que cet ordre fe fut confidérablement étendu.
C ’e ft, dit faint Bernard, un nouveau genre de milice
inconnu aux fiecles precedens : où l’on joint les deux
combats, contre les ennemis corporels 8c contre les
fpirituels : il n’efl pas rare de voir de braves guerriers,
le monde effc plein de moines, mais ileftmerveilleux
d’avoir allié l’une 8c l’autre profeffion. Il dit
enfuite que perfonne ne peut aller au combat avec
plus de confiance, que ceux qui font affurez de remporter
la viéfoire, ou le martyre, en mourant pour
la caufe de Dieu. Il marque que dans les combats
ordinaires on met forj ame en péril, fi la caufe de
la guerre n’efl: jufte 8c l’intention droite dans le
guerrier ; 8c il n’approuve pas même la viftoire de
celui quituë pour fauver fa vie. Mais il foûtient que
la guerre contre les infidèles eft agréable à Dieu :
ajoûtant toutefois : il ne faudroit pas tuer les payens
mêmes, fi on pouvoit les empêcher par quelque autre
moyen de trop infulter aux fideles ou de les opprimer.
il décrit ainfi la v ie des chevaliers du Temple : Ils c . 4 .
obéiffent parfaitement à leur fuperieur; ils évitent
toute fuperfluité, dans la nourriture 8c le vêtement.