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t. jj.
391 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
plufieurs, ôc autant qu'il p e u t , en une ou en plü-
fieurs égliles ; mais fi l'occaiion s'en prefente il leur
preferera volontiers un feul évêché. Sera-t’il alors
concent f il detirera d’être archevêque ; & peut-être
encore ira-t-ilenfuiteàRomefolliciteràgrands frais
des amitiez utiles à les intérêts. D autres ayant leur
fiege en des villes très-peuplées, & des provinces entières
dans leur diocefé, prennent pretexte de quelque
vieux titre pour foumettre à leur jurifdi&ion les
villes voiiînes. Ils ne feignent point d'aller à Rome
pour ce fujet ; & ce qui eit de plus tr ille , ils y trouvent
de la proteélion. Non que les Romains fe fou-
cient de l'évenement des affaires, mais parce qu’ils
aiment les prefens. J’en parle ouvertement, parce
qu’ils ne s’en cachent pas eux-mêmes.
A l’occaiion de l’humilité qu’il recommande aux
évêques, il fe plaint que les abbez plus obligez à cette
yertij par leur profeffion , fontfi foigneux de fefouf-
traire a l’obéïUance des évêques. O moines, d it- il,
quelle elt cette préfomption ; car pour être fuperieurs
de moines, vous nei’êtes pas moins vous-mêmes. Et
enfuite : Je ne le fais pour moi , dit-on, je cherche
la liberté de mon églife. O liberté plus fervile,
qu’aucune fervitude ! je me palferai de bon coeur de
cette liberté , qui m’engage àlapernicieufe fervitude
de 1’ orgueil. Car je fuis alluré que fi jamais je preten-
dois fecoüer le joug de mon évêque , je me ibumet-
trois aulli-tot alatiranniede fatan. Qui me donnera
cent pafteurspour me garder ? plus j ’en a i , plus jç
vais furement aux pâturages. Etonante folie ! je ne
crains pas d aflembler un grand nombre d’ames ,
ppur les garder; & je mbffenfe d’avoir un gardien
qui
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qui rendra compte de la mienne. En quoi donc vous A n . 112.8.
incommode l’autorité des évêques? craignez-vous la
perfecution? mais vous ferez heureux fi vous fouffrez
quelquechofe pour lajultice. À/féprifez-vous leur vie
feculiere? maisperfonne n’étoit plus feculierque Pi-
late par qui notre feigneur a bien voulu être j ugé, &
dont il a déclaré que la puilfance venoit d’enhaut.
Refiliez maintenant au vicaire de Jefus-Chrill. Il
elt clair que par ce v ic a ire , S. Bernard entend l’é-
vêque.
Il continue parlant des abbez : Quelques-uns avec "•3i-
bien de la peine Se de la dépenfe, obtiennent des privilèges
du pape pour s’attribuer des ornemens épif-
copaux, & porter la mitre , l’anneau & les fandales.
Ils défirent fans doute d’être ce qu’ils veulent paroî-
tre ; & ils ont raifon de ne vouloir pas fe ioumettre à
ceux qu’ils veulent égaler. Combien penfez-vous
qu’ils donneraient aulfi pour avoir le nom de pontifes
? Qui des véritables moines a jamais enfeigné une
telle doétrine, ou donné de tels exemples ? en quel
dégré d’humilité S. Benoill a-t-il placé l’amour du
falle Sc des dignitez ? Il faut le fouvenir que quand
S. Bernard parloit ainfi, les exemptions desmonaf-
teres Se les privilèges des abbez étoient encore rares :
les nouveaux ordres, Cîteaux,Fontevraud, Prémontré,
étoient tous fondez avec foumilfion expreffe à la
jurifdiêlion des évêques , „comme on voit par leurs
chartes que j’ai marquées.
Quant aux Chartreux , ils n’avoient garde de fe
/ 1 • r » • 1 1 • 1 > / a C o n ln tu tio h s prétendre exempts, puilqu us regardoient 1 eveque de G uigu es
de Grenoble comme leur abbé ; Sc par cette raifon ils
n’avoient chez eux qu’un prieur. Auffi ne paraît-il
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