
An. i i 4î.
LXXXI.
Ecrits de Pierre
de Clugni.
Tetr. iy.op.iy»
Bern. ep, z i
Svp. n. xo.17*
58-8 H l S T O T R E E c c l e s I A S T t QUE.'
lonté contre lui : mais du befoin de leur églife. Que
le diocefe de Tournai contenoit plus de neuf cens
milleatnes : 8c que l’évêque fçavoit bien lui-même ,
que depuis dix ans il en étoit mort plus de cent mille
fans avoir reçu la confirmation ; 8c plus de dix mille
pecheurs fans avoir reçu la penitence de la main de
î’évêque. Le pape étonné de ce difeours, confirma
publiquement l ’éleétion de l’évêque de Tournai, 8c
promit d’y mettre la derniere main. Les députez
s’attendoient à voir l’affaire inceffamment terminée:
mais le pape les retint encore plus de quinze jours,
pendant lefquels l’évêque de Noyon diftribua cinq
cens marcs d’argent dans la cour de Rome, 8c rentra
ainfi dans les bonnes grâces du pape: qui lui fit em-
brafler les députez de Tournai, 8c promettre de ne
garder aucun reffentiment contre eux pour cette élection.
; ôc lui donna des lettres: par lefquelles il déclarait
qu’il n’avoit point changé de volonté, mais
qu’il en différeraic- l’execution , jufques à ce qu’il af-
femblât un concile d’évêques 8c de métropolitains
pour confirmer l’éledtion. Ainfi les députez de Tournai
fe retirèrent confus.
Pierre de Clugni écrivit alors à S. Bernard une
grande lettre, où il traite encore des différends entre
Clugni 8c Cîteaux, mais avec plus de douceur
qu'iln’avoit fait dans fa première défenfe. En celle-ci
il marque avec les exprelïions les plus fortes , fon
affeétion pour faint Bernard 8c pour tout l’ordre de
Cîteaux j 8c il ajoute : Il faut que cette charité foit
bien ardente , puifqu’elle n’a pû être éteinte ni par
l’affaire des dîmes, ni parcelle de Langres. J’ai parlé
de l’une 8c de l’autre en leur tems. L’abbé vient en-
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fuite à la première fource de leur divifion : qui eft la AN.1143.
diverfité des coutumes , entre ceux qui font profef-
fion d’obferver la même réglé de S. Benoift. A quoi
il répond par l’exemple de l’églife , où les diverfes
nations 8c même les églifes particulières , gardent
leurs ufages differens en tout ce quin’eft point contraire
à la foi, fans altérer l’union 8c la charité : Entrant
dans le détail , il prétend montrer de même,
que les différentes pratiques de Clugni 8c de Cîteaux
dans la réception des novices, ou des fugicifs , dans
la quantité 8c la qualité des habits, dans les jeûnes,
le travail des mains 8c tout le refte : que ces différentes
pratiques ont été introduites à bonne intention
8c par principe de charité , qui eft l’effentiel delà
réglé de S. Benoift.
La fécondé fource de divifion étoit la couleur des
habits qu’il tient indifférente dans le fonds, puifque
la réglé n’en parle point, mais il montre que le noir
convient mieux aux moines par l ’exemple des anciens,
particulièrement de S. Martin. Il marque erî
paffant, qu’en Efpagne on portoit le deiiil en noir;
ce qui étoit alors lingulier à ce pays. Enfin il découvre
la principale fource de divifion , qui eft l’orgueil
8c l’envie. Les moines noirs ne peuvent fouffrir
qu’on leur préféré de nouveaux venus, 8c les blancs
fe félicitent d’être plus parfaits 8c plus eftimez que
les autres, comme les reftaurateurs de l’obfervance
régulière. Ces penfées font perdre le fruit de l’aufte-
rité 8c de la reforme , faifant perdre l’humilité-8c par
confequent la charité. A la fin de cette lettre Pierre
de Clugni marque à S. Bernard ; qu’il lui envoyé la
verfion de l’Alcoran de Mahomet 8c lui demande
E e e e iij,