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Sup. Tî. 5<> •
7 ü H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
vous rangez les membres autrement qu il ne les a
placez lu i même. L ’ordre de la Hiérarchie a Dieu
pour auteur, & tire fon origine du ciel ¡ mais fi un
évêque dit: Je ne veux pas être fournis a un archevêque,
ou un abbé : Je ne veux pas obéir à un evc-
que, cela ne vient pas du ciel. Je fçai que vous avez
le pouvoir de difpenfer, mais pour l’édification feulement.
Quand la neceflité preife, ladiipenfe eft ex-
cufable : quand l'utilicé le demande: e l l e e f t loüable :
je dis l’utilité commune, non celle du particulier,
i l convient toutefois qu’il y a quelques monafteres
exempts, fuivant l’intention des fondateurs, qui les
ont donnez au iaint fiege par une fondation particulière.
Enfin, d it - il, vous dévez étendre vos reflexions
fur toute l’églife , pour voir fi chacun y fait fon devoir
: mais particulièrement pour favoir comment
vos ordonnances font obfervées. Sans aller plus loin,
je puis vous montrer, qu on n obfervepointles regle-
mens que vous avez publiez de votre bouche au concile
de Reims, touchant la modeftie des habits dans
le clergé , &c les ordres que doivent avoir les dignitez
des chapitres. Si vous croyez qu on les obferve, vous
vous trompez : fi vous ne le croyez pas, vous avez eu
tort ou d’ordonner des chofes impraticables , ou de
diflimulerTinobfervation de vos reglemens. Il y a
déjà quatre ans qu’ils font faits, & nousn avons vu
encore pour ce fujet aucun clerc prive de fon bénéfice
, ni aucun évêque fufpendu de fes fonctions :
ainfi la négligence a produit l’impunité , mere de
l’impudence & du mépris des loix. On dit que Dieu
ne fe met pas en peine des habits, mais des moeurs,
L i v r e Soi x a n t e -Në u v i e’me . 72.3
l’indécence des habits eft la marque du dérèglement
des efprits Scdes moeurs.
Dans le quatrième livre, S. Bernard propofe au
pape pour objet de fa confideration, ce qui eft autour
de lu i, fon clergé, fon peuple & fes domefti-
ques. Votre clergé, d it - il, doit être parfaitement réglé
, puiiqu'il doit être la réglé &c le modèle de tous
les autres. Quant à votre peuple, tout le monde con-
noît l’infolence & le fafte des Romains. C ’eft une
nation accoutumée au tumulte, cruelle , intraitable,
qui ne fait fe foumettre que quand elle ne peut refif-
ter. Et enfuite : C ’eft alors principalement qu’ils veulent
dominer, quand ils ont promis de fervir. Ils
jurent fidélité pour mieux trouver l’occafion de nuire
à celui qui s’y fie. Ils veulent déilors être admis à
tous vos confeils, Si ne peuvent fouffrir qu’on les re-
fufe à une porte. Ils font habiles pour mal faire, sc
ne favent point faire le bien. Odieux au ciel & à la
terre , impies envers D ie u , feditieux entre eux, jaloux
de leurs voifins , inhumains envers les étrangers
: ils n’aiment perfonne & ne font aimez de per-
fonne i & voulant fe faire craindre de tous, ils craignent
de tout le monde. Ils ne peuvent fe foumettre,
Sc ne favent pas gouverner : infidèles à leurs fupe-
rieurs, infupportables à leurs inférieurs; impudens
pour demander & pour refufer : importuns &c in quiets
jufques à qu’ils reçoivent , & ingrats quand
ils ont reçu. Ils parlent magnifiquement & executenc
peu , promettent liberalemenc &c tiennent le moins
qu’ils peuvent : dateurs &c médifans, diflïmulez &c
traîtres. C ’eft le portrait que fait S. Bernard des Romains
de fon tems, ôc toutefois il ne laiflapas d’exy
y y y ij
An. i i j i
LX.
Derniers livres
de la Con
iïderatfon.
c. i .
c. 1.
C . 4.