
2.40 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
leétion de Gelafe, l’empereur étoit venu en diligence
& avoir mandé au nouveau pape : Si vous voulez
confirmer le traire que j’ai fait avec Pafcal, je vous
! reconnoîtrai pour pape & vous ferai ferment de fidélité
A n . i i i8.
Chr, Cajf. iv . c .
¿ 4 . 'Vrjferg. an<
i.uS.
XLYIIt.
Faite de Gelafe,
:finon j’en ferai élire un autre & le mettrai en pof-
feffion -, car l’empereur prétendoit toujours être en
.droit d’approuver leleétion du pape.
Gelafe aïant donc appris qu’il étoit fi proche , fe
■ leva quoiqu’il fût nuit ; & s’étant fait mettre fur un
ch e va l, malgré fon grand âge & fes infirmitez,fe retira
chez un citoïen nommé Bulgamin, où il demeura
caché le refte de la nuit. Le lendemain matin le pape
êc les fiensfe trouvèrent fort embaraifez. Il n’y avoit
pas de sûreté pour eux de demeurer à Rome , & ils
ne pouvoient s’enfuir par terre, parce que les Alle-
manstenoient les chemins. Ils réfolurent donc de gagner
la mer , 8c s’embarquerent fur le Tibre en deux
galères qui les menèrent jufqua Porto. Là il fallut
s’arrêter à caufe du mauvais tems , la pluie , le tonnerre
, la tempête qui agitoit la mer 8c le fleuve, car
c’étoit au mois de Février. Les Allemans étoient fur
le rivage qui tiroient fur eux des traits empoifonnez,
ôc menaçoient de les pourfuivre jufques dans l’eau
s’ils ne rendoient le pape. La nuit & la tempête les
arrêra -, & cependant le cardinal Hugues d’Alatri prit
le pape fur fes épaules ôc l’emporta à la faveur de la
nuit au château de S. Paul d’Ardée. Le matin les Alle-
tnans revinrent à Porto, on leur jura que le pape s’en
étoit fui &c ils fe retirèrent. Mais on ramena le pape
pendant la nuit : il s’embarqua avec les fiens : le troi-
îiéme jour ils abordèrent à Terracine demi-morts &
|p quatrième à Gaçte.
Il®
L I V R E S O I X A N T E - S Ï X I E*M E. 1 4 1 ' __________
Ils y furent très-bien reçûs; aufli étoit-ce la patrie A n. m 8.
au pape : 8c quand la nouvelle de fon arrivée fut répandue
dans le p a ïs , quantité d’évêques s’y rendirent
: entre autres Sennes archevêque de Capouë ,
Ladulfe de Benevent , Alfane de Salerne , Gibalde
abbé du Mont-Caifin , Sigenulfe abbé de Cave 8c
plufieurs autres. L’empereur envoïa encore à Gaëte
prier le pape de revenir fe faire facrer à Rome , témoignant
qu’il defiroit ardemment d’aififter à cette
cérémonie, & l’autorifer par fa préfence, & que s’ils
.conferoient enfemble, ce feroit le meilleur moïende
rétablir l’union. Le pape qui avoit été pris par l’em-
pcreuravec Pafcal II. & mis aux fe rs,nepouvoits’y
fier : il répondit donc qu’il alloit fe faire facrer in-
ceiTamment ,^8c qu’enfuite l’empereur le trouveroit
prêt pour la négociation , par tout où il lui plairoit.
En effet fans fôrtir de Gaëte le pape fut ordonné
pretre, puis facré évêque en préfence de tous les prélats
que j’ai marquez , & de Guillaume duc de PoüiL-
le , de Robert prince de Capouë, & de plufieurs au- •
très feigneurs qui lui prêtèrent tous ferment de fidélité.
Il fut facré dans la fin de Février , pafla tout le
carême à Gaëte , & alla celebrer à Capouë la fête dç
Pâques, qui cette année mS. fut le quatorzième
d’Avril.
Cependant l’empereur Henri irrité de la réponfe xlix.
de Gelafe, réfolut de faire un autre pape , comme il Bourdl° amiPap«.’
1 en avoit menacé, & choifit l’archevêque de Brasue vita
Wi • 1» / as . -*■ . 'to. 3. Mifceil. p.
cjui 1 avoit couronne empereur lannee precedente. 471.
C etoit Maurice Bourdin né en Limofin , d’où Ber-
nard archeyêque de Tolede l’emmena , comme il a
Cte dit,en iopj-. Il le fit premièrement fon archidia-
Tonu X 1F , H h