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C• 1.
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XIX. '
Fin d’Hilde
bere arch, de
Tours.
450 H i s t o i r e E c c l 1 s 1 a s t i q jj s.
tels , ni ordinations , fans en tirer quelque profit. Il
vient enfuiteà la légation de G irard, qui luidonnoit
jurifdiiftion fur cinq archevêchez. Il convient qu’il
avait de l’habileté pour les affaires , delà fcience Sc
de l’éloquence : mais il prétend qu’il abufa de fon
pouvoir pour contenter fon avarice Sc fon ambition,
affemblant des conciles fans befoin pour avoir le plai-
.11 r d’y preflder -, Sc aviliiTadt la dignité de ces faintes
aifemblées.
Quant à Pierre de Léon , l'auteur dit que le Juif
fon ayeul ayant amafle des richeffes parfesufures, fe
fit Chrétien pour devenir plus puiffant, Sc que Pierre
dont il étoit queftion , portoit encore fur fon vifage
les marques de fon origine, il fut, ajoute-t-il, envoy
é en France, pour acquérir la bienveillance de la
nation , par la conformité des moeurs 5c du langage 5
Sc s'étant étrangement décrié pendant fa jeuneilepar
ion infolence Sc fes débauches : il entra à C lu gn i,
pour couvrir l’infamie de fa vie pailée , par la réputation
de ce monaftere, le plus illuftre des Gaules.
Etant devenu cardinal par le crédit de fa famille, il
fut envoyé en diverfes légations , où il ne fongeoic
qu’à fatisfaire facupidité Sc v ivoit avec un luxe fean-
daleux : deux grands repas par jo u r , des viandes ex-
quifes Sc parfumées , une profufion qui épuifoit les
revenus des évêques Sc des abbez : encore pilloit- il
les ornemensdes églifes. Enfin on l'accufoit des débauchés
les plus abominables, d’avoir eu des enfans
de fa propre foeur, &c de mener avec lui une fille dé-
guifée en homme. Telle étoit la réputation de l’an-
- ti-pape Anaclet.
La lettre de S. Bernard à Hildebert archevêque de
L i v r e S o i x a k t e - H u i t i e ’m î . 431
Tours ne fut pas. fans effet, Sc ce prélat demeura attaché
au pape Innocent Je :refte de fâ vie , qui ne fut
pas long. Car il mourut d'une heureufe vieilleffe le
dix-huitiéme de Novembre de l’année 1133. ou de la
fuivante. Il eli: celebre par fes écrics, qui font fes lettres
au nombre de cent trente, cencquarante fermons,
la vie de faince Radegonde Sc celle de faint Hugues
de Clugn i, quelquestraitez moraux & theologiques,
Sc grand nombre de poëfîes. Il avoit auffi commencé
un recueil de canons ; quelques-uns lui attribuent
la preface qui fe trouve à la tête de celui d'Yves de
Chartres.
Fougues Rechin comte d’Anjou, ayant fait voeu
d’aller en pelerinage à S. Jacques, Hildebert lui en
écrivit ainfi : Je ne nié pas que ce ne Ibit un bon def-
fein , mais quiconque elfe chargé du gouvernement,
eft attaché a un devoir qu’il ne peut quitter que pour
quelque chofe dé plus grand Sc de plus utile. Entre
les talens que lepere de fafnille diftribue à fes fervi-
teurs , aucun doéteur ne compte celui de courir par
le monde ; Sc S. Hilarión étant près de Jerufalem,
n’y alla qu' une fo is , pour ne pas paroître méprifer
les lieux faints.Hild|bertreprefenteenfuite au comte
qu’il fe mec en péril en paifant parles places du duc
d'Aquitaine fon ennemi ; Sc que le roi d'Angleterre
défaprouve ce voyage.’ Puis il continue : Vous me
direz peut-être î J’ai fait un voeu , & je me rens coupable,
fi j ’y manque. Mais confiderez que c’eft vous
qui vous êtes engagé à ce voeu, Sc que c'eft Dieu qui
Vous aimpoféune charge: voyez fi le fruit que vous
ietirerez de ce voyage, recompenftera la perte de l’in-
éerruption de vos devoirs. Si ce dernier bien eft fans
^ ■■ L 11 ij
A n. h 3,1.
Vitao
al, 83.
lib, i. ep. 15. aL
59-