
A n . i i z j .
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Conyerfion de
Pirits.
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ment, lui donnant des guides & des gens pour le
fervir, ainfi l’évêque & ceux de fa fuite pafferent
la riviere 6c entrèrent avec confiance en Pomeranie.
Us marchèrent d’abord à Pirits , 6c fur le chemin
ils trouvèrent quelques bourgades ruinées par la
guerre , dont le peu d’habitans qui y reftoient, interrogez
s’ils vouloient être chrétiens , fe jctterent
aux pieds de l’évêque, le priant de les inftruire 6c de
les baptifer. Il en baptifa trente, qu’il compta pour
les prémices de fa moilfon. Approchant de Pirits, ils
virent de loin environ quatre mille hommes qui s’y
étoient aifemblez de toute la province pour une fête
des'païens, qu’ils celebroient en fe réjouiifant à grand
bruit ; 6c comme il étoit tard , ils ne jugèrent pas à
propos de s’expofer pendant la nuit à cette multitude
échauffée par la joie 6c la débauche. Le lendemain
matin Paulicius & les députez allèrent trouver les
principaux de la ville , pour leur annoncer la venue
de l ’évêque , & leur ordonner de la part du duc de
Pologne 6c de celui de Pomeranie , de le bien recevoir
6c l’écouter avec refpedt : ajoutant que c’étoit
un homme confiderable , riche chez lu i , qui ne leur
demandoit rien , 6c qui n’étoit venu que pour leur
falut. Qu’ils fefouvinffent de ce qu’ils avoient promis
6c de ce qu’ils venoient de fouffrir, & ne s’attiraffent
pas de nouveau la colere de Dieu : que tout le monde
étoit chrétien , & qu’ils ne pouvoient réfifter feuls à
tous les autres.
Les païens embaraffez demandèrent du tems pour
délibérer, attendu l’importance de l’affaire -, mais
Paulicius & les députez voïant que c’étoit un. artifice,
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leur dirent qu’il falloir fe déterminer promptement : —-----------
que l ’évêque étoit arrivé , & que s’ils le faifoient A n . 112.5,
attendre , les ducs fe tiendraient offenfez de ce
mépris. Les païens furpris que l’évêque fûtfi proche,
fe déterminèrent aum-tôt à le recevoir : difanc
qu’ils ne pouvoient réfifter à ce grand Dieu , qui
rompoit toutes leurs mefures, 6c qu’ils voïoient bien
l’impuiffance de leurs dieux. Ils communiquèrent
leur réfolution au peuple qui étoit encore affemblé ,
& tous crierent à haute voix que l ’on fit venir l’évêque
, afin qu’ils puffent le voir & l ’entendre avant
que de fe féparer. Otton vint donc avec toute fa
fuite, 6c campa dans une grande place qui étoit à
l ’entrée de la ville : les barbares vinrent au-devant en
fo u le , regardant ces nouveaux hôtes avec grande-
curiofité, &c ils leur aidèrent avec beaucoup d’humanité
à fe loger.
Cependant l ’évêque monta fur un lieu élevé r c -e -n
vêtu de fes habits pontificaux, & parla par interprète
ace peuple très-avide de l’entendre. Bénits foïez-
vous, d it- il, de la part de Dieu, pour la bonne réception
que vous nous avez faite. Vousfçavez peut-être
déjà la caufe qui nous a fait venir de fi loin : c’eft
votre falut & votre félicité ; car vous ferez éternellement
heureux, fi vous voulez reconnoître votre créateur
& le fervir. Comme il exhortoit ainfi Ce peuple
avecfimplicité,ils déclarèrent tout d’une voix,qu’ils
vouloient recevoir fes inftruélions. Il emploïa fept
jours à les catéchifer foigneufement avec fes prêtres
6c fes clercs, puis il leur ordonna de jeûner trois
jours, de le baigner 6c fe revêtir d’habits blancs pour
fe préparer au baptême. Il fit faire trois baptifteres j
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