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Oldegaire archevêque.
de Tarragone.
ap. Boll. tom% 6,
p. 4S8.
Vitaap. Soll.
Mari,
Sup. liv. LXZIÌ.
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vf
330 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Ce qui eft dit en ce concile de lacroifade pour TEC-
pagne, s’entend mieux par la bulle que le pape Cal-
lifte accorda en même tems à Oldegaire archevêque
de Tarragone. Elle eft adreffée à tous les chrétiens,
que le pape exhorte à s’armer pour ‘la défenfe de l’é-
glife d’Efpagne opprimée par les infidèles: promettant
à ceux quiferviront en cette guerre la même indulgence
qu’aux défenfeurs de l’églife d'Orient-. En-
fuite le pape ajoute : Et parce que nous ne pouvons vi-
iïter en perfonne votre armée comme nous lefouhai-
terions, nous avons commis pour cet effet notre cher
frere Oldegaire archevêque de Tarragone en qualité
de légat a tatere. La datte eft du fécond jour d’Avril
incontinent après le concile.
Oldegaire étoit de Barcelone, & avoir été offert
dès l’enfance à l’églife de fainte Eulalie , dont il fut
chanoine , puis prévôt. Enfuite il fut abbé des chanoines
réguliers de faint R u f près d’Avignon : &
Raimond évêque de Barcelone aïant été tué à la
guerre contre les Maures dans l’ifle de Majorque en
1114. Oldegaire fut élu pour lui fucceder. Mais il
s’enfuit à fon abbaïe de S. R u f, & n’accepta l’évêchê
que deux ans après par un ordre exprès du pape Paf-
cal II. à la follicitation du comte de Barcelone. La
première année de fon pontificat, le fiege de Tarragone
vaqua par le décès de Berenger, qui étant évêque
d’Aufone avoir obtenu du pape Urbain II. le ré'ta-
bliffement de cette métropole. Alors le comte de Barcelone
, Raimond Berenger donna à l’évêque O ldegaire
8c à fes fuceeffeurs, la ville 8c le territoire de
Tarragone , avec liberté de la peupler & de la gouverner
félon les loix qu’il y établiroit, s’en réfervanc
L i v r e s o i x a k t e - s e p t i e ’m e .’ 331
feulement le fouverain domaine 8c le palais : la donation
eft du vingt-troifîéme Janvier 1117. Mais par
là Raimond ne faifoit pas à l’évêque un grand pré-
fent comme Berenger fon pere n’eu avoit pas fait un
grand au pape Urbain : car Tarragone étoit encore
déferte, pleine de chênes 8c de hêtres, & d’autres
grands arbres; & c’étoit moins une v ille, qu’une place
à bâtir. Oldegaire fit confirmer cette donation par
le pape Gelafe II. qui lui donna non-feulement l’archevêché
de Tarragone avec l’évêché de Barcelone
qu’il avoit déjà, mais encore levcché de Tortofe ,
fi les chrétiens la reprenoient , jufqu’à ce qu’elle
pût avoir un évêque particulier. Il lui accorde tous
les droits du métropolitain , l’ordination de fes fuf-
fragans, le pouvoir d’affembler des conciles, & le
pallium. La bulle eft dattée de Gaïete le vingt-uniéme
de Mars 1118.
Deux ans après le comte Raimond prit Tortofe &
Lerida fur les Maures ; 8c après le concile deXâtran,
Oldegaire plus autorifé par le titre de lé g a t, foutint
avec vigueur les droits de fon églife de Barcelone
contre plufieurs nobles & contre le comte même.
Il procura en n z6 . une affemblée des évêques & des
feigneurs où l’on affura l’immunité ecclefiaftique ;
il procura la paix entre le roi d’Arragon 8c celui
de Caftille. Mais il vit bien que la peuplade de Tarragone
ne feroit jamais folide , fi cette ville n’étoit
gouvernée par un homme de guerre capable de la
défendre contre les infidèles du voifinage , qui pil-
loient impunément les terres d’alentour. Il choiiït
pour cet effet Robert d’Aiguillon, autrement Bordet,
gentilhomme Normand, déjà établi dans le- p a ïs ,
T t ij
A n . 1113.
ap. Boll. & Mar-
cam Hifp. p. 1147.
Orderic. lib. rj.