
A n . Z113.
xxv.
Guillaume ¿e
Champeaux.
'Dubois hiß. Pari''.
lib. xx. c. 7.
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i 8<j H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tout occupe de Dieu intérieurement, il prioit & il
m.editoit 1 écriture fainte -, &c difoic depuis, que c’étoit
principalement dans les champs &c dans les bois qu’il
en avoit appris les fens fpirituels, & que Tes maîtres
avoient ete les chênes &: les hêtres. Dans les intervalles
du travail il étoit continuellement appliqué à
prier, a lire, ou a méditer. Il étudioit l’écriture fainte,
en la lifant fimplementdefuite, & larelifant plufieurs
fois ; & il difoic qu’il ne trouvoit rien qui la lui fît
mieux entendre que fes propres paroles, & que toutes
les veritez qu’elle enfeigne ont plus de force dans la
fource que dans les difeours des interprètes. Il ne Ia if
foit pas de lire avec humilité Ôe foumiihon les explications
des doéteujrs catholiques, & de fuivre fidel-
lement leurs traces. Tels furent les commencemens
de faint Bernard.
La même année de fa converfion , c’eit-à-dire en
1113. fut fondée 1 abbaie de la Ferté, la première fille
de Citeaux. Elle fut fondée dans le diocefe de Challon
par Savari & Guillaume fon fils, feigneurs de Vcrgy
& comtes de Challon. Le premier abbé ie nommoit
Bertrand, & y fut envoie avec douze moines par
l ’abbé Eftienne, pour foulager la maifon deCîteaux
déjà trop peuplée.
Dans le même tems commença l’abbaïe de faint
Victor de Paris par les foins de Guillaume de Champeaux
, le 'plus fameux doéteur de ce tems. On lui
avoit donne ce nom du lieu de fa naiifance, comme
c’ecoit alors l’ufage ; car Champeaux eft un bourg
dans la Brie près de Melun. Guillaume avoit été
difciple d’Anfelme de Laon , fi fameux pour fa doc-
trme& fa pieté j & étant venu à Paris il y enfeigna
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long-tems la réthorique, la dialeétique & la theolo- —
gie. L ’évêque Galon lui donna le premier archidia- A
coné de fon églife ; & il enfeigna dans le cloître de
la cathédrale , jufq u a l’an 110S. que defirant mener
une vie plus parfaite, il prit l ’habit de chanoine régulier
; & avec quelques-uns de fes difciples, alla fe retirer
à une ancienne chapelle dédiée à faint Viéto r,
alfez éloignée de Paris,qui n’étoit gueres encore que
ce que nous appelions la cité. Guillaume de Champeaux
forma donc en ce lieu une communauté de
chanoines réguliers , & nonobftant fa retraite, continua
d’y enfeigner publiquement à la priere de fes.
amis.
En 1113. il fut élu & ordonné évêque de Chaalons
fur Marne, & laiifa à fa place pour gouverner la communauté
de faint Vi£tor,un de fes difciples nommé
Gilduin. Le roi Louis confirma cet établiflement
dans une aifemblée de plufieurs évêques & autres feigneurs
tenue à Chaalons, & donna de grands biens à
la nouvelle communauté : ordonnant qu’elle éliroit
librement fon abbé fans attendre le confentement
du r o i, ni d’aucune autre perfonne que de l’évèque
de Paris, à qui il feroit préfenté pour recevoir la be-
nediétion abbatiale. C ’e il ce qui paroît par les lettres
patentes dattées de l ’an 1113. & foufçrites par
Raoul archevêque de Reims, Lifiard évêque de Soif
fons, Ivesde Chartres, Galon de Paris, ManaiTés de
Meaux , Jean d’Ôrleans, Godëfroi d’Amiens, Hum-
baud d’Auxerre , Philippe deTroïes, Humbert de
Senlis.. L ’année fuivante le pape Pafcal à la priere du
r o i, confirma cette fondation par fa bulle du premier
de Décembre 1114. & Gilduin qui jufqueg-là avoit
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