
A n. i i j E &: dans la Poüille, il écrivit à Seignorct qui en étoit
abbé : que fi quelque crainte bavoit feparé de l’unité
de l’é g life , il revint au pape Innocent reconnu de
tout le monde, promettant de fa part a ce monafte-
re , toute forte de proteétion. il écrivit de même aux
moines, & leur fit écrire par l’imperatrice Ricbife
fon époulê. !
xxx vi. Mais le roi Roger retournant en Sicile » avoit laifxoT
^ fa r t fé en Poüille Guerin fon chancelier, qui voulut s’af-
Mont Caffin. fijrer du mont'Gailin pour ion maître, il manda donc
à l ’abbé Seignoret de le venir trouver à Capouë, pour
c.w.si. traiter des affaires du royaume avec les Seigneurs du
pays. L’abbé étoit alors grièvement malade ; 8c étant
guéri il envoya avant Noël deux de les moines trouver
le chancelier à Benevent* & lui faire lès excu-
fes. Le chancelier lui manda de venir à Capoae après
la fête, finon qu’il iroit lui-même le trouver. Les deux
moines revinrent au mont-Caffin le four de S. Jean
i ’évangelifte, 8c dirent qu’en allant & en venant ils
avoient appris par les amis du monaftere que le def-
fein du chancelier n’étoit que de prendre l ’abbé, il
feignit d’être encore malade, maisl’évêque élu d’A-
quin, manda au chancelier que l’abbé n’étoit point
pour le roi Roger, & qu’au contraire il fe préparait
a recevoir l’empereur Lothaire fit le pape Innocent.
Le chancelier vint au mont-Caffin la veille de l’Epiphanie
cinquième de Janvier 1 1 37. & commanda a
l ’abbé de la pdrt du roi de lui livrer auffi-tôt le monaftere,
de fe retirer avec v in g t moines , ou amant
qu’i l voudrait , à la fortereffe nommée fiantra , &
y. emporter le trefor de l’egliie, & tous leurs meublés
: que les autres moines feroient fe parez dans
les obediences ».e’eft à dire, les prieurez dépendans An. 1 1 37-
de l'abbaye ¿ dans laquelle on. laifferou quatre prêtres
i & trois ou.quatre autres moines pour faire le
fervice divin devant le corps de faine Benoift. Le,
chancelier ajouta : Cequi, nous oblige d’en uferainfi,
c'eft que le monaftere du 1 mont-Caffin eft d’une
grande réputation dans tout le monde; Chrétien ,
comme étant le plus riche de l’Italie: en forte que fi
l’Empereur Lothaire, ou d’autres ennemis du roi s’en
rendoienc les maîtres, il arriverait de grands maux
à fan royaume. L’abbé furpris d’un tel ordre, demanda
permiffion d’en délibérer, 8i il appella les anciens
du monaftere, qui lui declarerent tout d’une voix.,
qu’il ne faloit en aucune maniéré livrer cette maifon
aux laïques, & qu’ils étaient refalus de fouffnr.plib
tôt les dernières extremitez : parce que fi on confère
voit le ch e f, on pourroit fauver les membres qui en
dépendoient.
L’abbé répondit donc au chancelier : Cette affaire
eft de telle importance, que nous ne pouvons vous
répondre fi promptement. C ’eft pourquoi nous vous
demandons un délai, pour appellerions nos freres qui
font dans les obediences, 8c en délibérer en comnauni
Pourquoi délibérer? dit lechancelieren colere: Vous
n'aurez point de délai : je vous commande de la pari
du roi de me donner tout maintenant une réponfe
précife. Et la caufe de cet ordre, c’eft, que Lothaire
viendra avec fon pape Innocent.; 6c nous voulons -tôt*
éprouver fi vous demeurerez fideles au roi, 8c fi vous
combattrez pour conferver fa couronne. L’abbé répondit
: Nous fommes prêts de le faire quand il
fera befoin , 8c de vous en faire dès à prefeqt prêter *
Q.qq ij