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S crm, 8 o.n* 6.
Le pape fans hefiter répondit aux députez , Sc leur
ordonna de le dire à ceux qui les avoient envoyez ,
que Téglife Romaine ne s’éloignoit en rien de leur
confeflion de foi ; & que fi quelques-uns avoient paru
foûtenir la perfonne de Gilbert, ils rie ioûtenoient
en rien fa doébrine. Tout le concile s’aiTembla donc
à Reims au palais nomrné T a u , à caufe de fa figure
en double potence; Gilbert évêque de Poitiers, fut
interrogé fur chacun dçs articles de fes erreurs , & renonça
librement, en difant : Si vous croyez autrement
Sc moi auffi , fi vous parlez ou écrivez autrement
§t moi auffi. Alors le pape du confentement
de tout le concile condamna ces articles, défendant
étroitement de lire ou de tranferire le livre d’où ils
étgient tirez , fi l'églife Romaine ne .l’avoir corrigé
auparavant. Gilbert répondit: je le corrigerai comme
il vous plaira. Mais le pape lui dit : On ne vous confiera
pas cette correétion. On déchira publiquement
des écrits contenant quelques autres erreurs , qu’il
avoir enfeignées, fuivant le témoignage de fes écoliers.
J’ai fuivi fur cette affaire de Gilbert de la Poi-
rée, le récit du moine Geoffroi, depuis abbé de
Clairvaux, qui étoit prefent au concile de Reims:
plutôt que celui d’Otton de Frifingue , qui étoit
alors en Syrie, & qui paroît prévenu en faveur de
Gilbert.
Quelque tems après S. Bernard continuant ion explication
du Cantique, combattit fortement les nouveaux
dialecticiens, ou plutôt des heretiques , comme
il les nomme, qui pretendoient que les attributs
divins , la grandeur , la bonté , la fageffe , la juftice
pe font pas de Dieu ; ôc en difoient autant de la divinité
vinité même. Si elle n’eft pas Dieu , di t - i l , elle eft
donc quelque autre chofe, ou n’eft rien. Si elle eft
quelque autre chofe, elle eft moindre ou plus grande
, ou égale à Dieu ; 5c il montre l’inconvenient de
toutes ces fuppofitions. Enfuite parlant de la grandeur
de Dieu , il dit : Dieu n’eft grand que par la
grandeur qui eft la même chofe que lui : autrement
cette grandeur feroit plus grande que Dieu. Je le dis
après S. Auguftin, le plus terrible marteau des heretiques.
Il marque enfuite la condamnation des erreurs
de Gilbert au concile de Reims : mais il déclare
qu’il ne parle point contre fa perfonne , parce
qu il a humblement acquiefcé au jugement des évêques.
Milon évêque de Teroiiane, qui affifta au concile
de Reims , &fut des commiflaires en l’affaire de Gilbert
de la Poiree, étoit un des illuftres prélats de
France, il naquit à Selincourt au diocefe d’Amiens,
& fe fit religieux à Prémontré fous la conduite de
S. Norbert: qui le fit quelques tems après premier
abbe du monaftere de S. Joffe-au-bois, aujourd’hui
Dom-Martin , fondé en n u . dans le diocefe d’A miens.
Huit ans,.après faint Jean évêque de T e roiiane
étant mort , une grande partie du peuple
voulut lui donner pour fucceffeur Baudoüin frere
puifné de Thierri comte de Flandres : mais Rainald
archeveque de Reims Sc fes fuffragans ne l’en ayant
pas jugé capable, le clergé élut l’abbé Milon ; Sc le
pape Innocent II. qui étoit alors en France , ayant
confirme 1 eleCbion , il fut facré par l’archevêque le
dimanche quinzième de Février 113 3. Sc tint ce fiege
vingt-fept ans. Il fonda plufieurs monafteres de fon
Terne X IF . I>p pp
du g , v, Trinité
Ce IG»
X X X I I I .
Milon évêque
de Teroiiane.
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