
H i s t o i r e E c ç iE s îa - s T - rQ j iE .
contre lui à la fin du concile. Le duc d’Aquitaine <y
étoit préfent. C ’étoit Guillaume IX . comte de Poitiers
, de Gafcogne & de Tou lou fe , qui s’oppofa tant
qu'il put à cette cenfure , tant pour l’honneur du roi
ion feigneur que pour fon propre intérêt : car fa vie
étoit encore plus fcandaleufe. Il pria donc les légats
j » de n en pas venisrK a| cette extre7 mi* te• , &o ptl ulri eurse/ ve\-
ques les en prièrent avec lui. Ne pouvant l’obtenir il
fortit du concile avec fes gens, faifant de grandes
menaces : quelques évêques fortirent auffi avec plu-
fieurs clercs 8c encore plus de laïques, ce qui caufa
un grand tumulte. Alors les légats & les prélats qui
te fto ien t, prononcèrent l’excommunication contre
le roi Philippe 8c contre Bertrade. Enfuite on fit
les acclamations ordinaires pour la conclufion du
concile , pendant lefquelles le tumulte augmentant
toujours.,.un homme du peuple qui étoit aux galeries
hautes.de l’é g life , jetta une pierre voulant frapper
lès-légats. Mais elle donna fur un clerc qui eut la
tête caifée & tomba fur le pavé , où l’on vit couler
fon fang. Il s’éleva de grands cris dans l’é g life , &
le bruit étoit .encore plus grand au dehors. Toutefois
les légats demeurèrent fermes , & ôterent même
leurs mitres , pour montrer combien ils craignoient
peu les pierres qui vol oient. Leur fermeté arrêta
la fureur des féditieux , les .comtes même & les
autres qui avoient infulté les légats leur firent fatis-
faétion. On.remarqua en cette occafion le courage
de deux faints abbez, Bernard abbé de faint Cy-
prien de Poitiers, Se Robert d’Arbriifelles, dont j’ai
déjà parlé. Cette excommunication du roi fit une
telle împreifionXur les efprits, quêtant venu que,ljque
L i v r e s o i x a n t e -c i n <q u i e ’me î y
quetems après à Sens avec la reine Bertrade, pendant “ — >
quinze jours qu’ik y féjournerent, on tint fermées A n . II0°-
toutes les églifes de Îa v ille , & ils ne furent admis à
aucun a été de religion. De quoi Bertrade irritée i,
envoïa rompre la porte d’une églife, & y fit dire la
meife par un de fes chapelains.
Bernard qui avoit été élu la même année abbé de Commencement
faint Cyprien de Poitiers,naquit dans lePontieu près «feBanaid de ti-,
d’Abbeville de parens vertueux, qui le firent étudier vita t„ Gaufm
dès la jeuneffe, & dès lors il montroit tant de modef-
tie Sc de pieté,que les autres écoliers le nommoient
le moine. Après la grammaire 8c la dialeéfique , il
étudia l’écriture fainte, dont il avoit déjà une aifez
grande connoiifance à 1 âge de vingt ans ; quand le de-
fir d’une plus grande perfedion lui fit quitter fon païs
& paifer en Aquitaine avec trois compagnons. Ils
s’arrêtèrent au monaftere de S. Cyprien près de Poitiers
, attirez par la réputation de l’abbé Rainaud dif- Su^ 'Uv' l“ ' *=
ciple de faint Robert fondateur de la Chefe-Dieu , &
qui avoit lui-même dans la communauté plufieurs
grands perfonnages, entr’autres Hildebert ou Alde-
b e r t, depuis archevêque de Bourges. Bernard aïant
embraifé la vie monaftique à S. Cyprien , & y aïant
pailé dix ans ou plus avec grande édification : Ger^ %
vais moine de la même communauté fut envoie à
faint Savin monaftere voifin , pour le réformer en
qualité d’abbé ; mais il ne voulut point s’eti charger
s’il n’avoit Bernard pour prieur.
Gervais étant allé à lacroifade en 1096. & y étant
mort,Bernard fçut que les moines de faint Savin
vouloient l’élire abbé, & fe retira fecretement pour r-b
executercequ’ildefiroit depuis long-tems,de mener
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