
30 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
fortir promptement du roïaume. Anfelme répondit :
Je vous ai déjà dit comme j’ai affifté au concile de
Rome, & ce que j ’ai appris du faint iiege. Si donc
je me foumets moi-mêmcjL l’excommunication que
j’ai rapportée en ce roïaiume , avec qui pourrai-je
communiquer ? Les députez qui étoient allez demander
la révocation de ce décret font revenus fans
rien faire. Le roi répliqua : Que m’importe ? Je ne
veux pas perdre les droits de mes prédeceifeurs, ni
fouffrir perfonne dans mon roïaume qui ne foit à moi.
J’entens, dit Anfelme, à quoi cela tend, cependant
je ne fortirai pas du roïaume ; j’irai à mon diocefe
faire mon d evo ir , & je verrai qui entreprendra de
me faire violence.
Il n’avoit pas été long-tems chez lu i, quand le roi
lui manda de le venir trouver,& qu’il vouloir apporter
quelque tempérament à fa première réfolution.
Il vint donc à Vincheftre , où dans l’aifemblée des
évêques & des feigneurs on réfolut de prendre un
autre délai, Sc d’envoïer à Rome des per-fonnes plus
confiderables,pour déclarer au pape qu’il falloir qu’il
fe relâchât , autrement qu’Anfelme feroit chaifé
d’Angleterre avec les lien s , & que le pape perdroit
l’obéïlTance de ce roïaume, & le revenu qu’il en tiroir
tous les ans. Anfelme envoïa de fa part deux
moines, Baudouin du Bec & Alexandre de Cantor-
beri, non pour perfuader au pape de fe relâcher, mais
pour lui rendre un témoignage non fufpeét des menaces
de la cour d’Angleterre, & pour rapporter fidèlement
à l’archevêque la réfolution du pape. De la part
du roi furent envoïez trois évêques pour folliciter le
papefuivant fes intentions ¡fçavoir Girard d’Herford,
IIOl.
Godo'ùin de pve»
fui. Ang.
L i v r e so i x a n t è -c i n q u i e ’m e . 31
Hebert deTetford & Robert de Cheftre,dont deux —
avoient leurs affaires particulières à pourfuivre à A n
R ome. Girard avoit été chancelier d’Angleterre fous
les deux rois précedens, & venoit d’être nommé à
l ’archevêché d’Yorc , vacant par le décès deThomas
arrivé le dix-huitiéme de Novembre n o o . ainlî Girard
alloit demander le pallium. Hebert transfera depuis
fon fiege â NorVic, & il alloit pourfuivre la ref-
titution de fa jurifdiétion fur l’abbaïe de faint Edmond.
Depuis qu’Anfelme fut de retour en Angleterre,&
pendant le féjour qu’il y fit, il compofa fon traité fur
! i r - t ■* r • \ » ■ 1 i n proceflion du faine laprocellion du laint E lp n t , a la pnere de plulieurs Efprit.
perfonnes , particulièrement d’Hildebert évêque du Geberon cenfura.
* . . f. ... 1 1 • 1- T *P' 111' eP‘ Mans 3 qui aiant oui parler de ce qu il a voit dit lur ce
fujet contre les Grecs au concile de B a r i, le pria de
le rédiger par écrit fuccintement, & le lui envoïer :
ce qu’Anfelme lui accorda. En ce traité il ne difpu-
te contre les Grecs que fur les principes dont ilscon-
venoient avec les Latins, fçavoirla foi de la Trinité
& les paroles de l’évangile. Il établit premièrement
la différence entre les attributs effentiels â la divinité
,q u i font communs aux trois perfonnes, & les
dénominations propres à chaque perfonne,qui font
la fuite des relations,& montre qu’entre les perfonnes
divines celle qui ne procédé pas d’une autre en eft le
principe. Ain file Pere eft le principe du Fils & du
faint Efprit, parce qu’il ne procédé ni de l’un ni de
l’autre, & par confequent le faint Efprit procédé du
Fils , puifque le Fils ne procédé pas du faint Efprit.
Le faint Efprit eft Dieu de Dieu auflï-bien que le
Fils, & procédé du Pere, non en tant que Pere, mais
XVI.
T raité de faint
Anfelme fur l'a
160.161. iv . ep.n.
S up.
ap. Auf.p. 4?.
c. 4;