
LX .
Evêques d’Angleterre
empri-
lônnez.
tom. x . conc.
Coduin.de pr&f.
A n g l.p , î j o .
rv
540 H i S TO- I RB E c î L I S I A S T I ^ p E .
En Angleterre on tint un concile à Vincheftre le
vingt-neuvième d’Août ii3 9 .o ù fe trouvèrent pref-
que tous les évêques du royaume avec Thibaud nouvel
archevêque de Cantorberi. Turftain archevêque
d’Yorc s’en excufa à caufe de fa maladie, 8t les autres
évêques , à caufe de la guerre qui étoit dans le
pays. Henri évêque de Vincheftre, avoit convoqué
ce concile 8c y prefida en qualité de légat du faine
fiege. Il étoit fils d’Etiene comte de Champagne, 8c
frerc de Thibaud IV. alors régnant, 8c d’Êtiene roi
d’Angleterre. Il avoit été moine de Clugni, puis abbé
de Glaftemburi; 8c le roi Henri fon oncle l’avoit fait
évêque en 112.9. On fit-l’ouverture du concile par
les lettres du pape Innocent, qui l’établiffoient légat
dès le premier jourde Mars ; 8c on loüa la modération
du prélat , d’avoir différé fi long-tems à exercer
fes pouvoirs, il fit enfuite un difeours latin adreffe
aux gens lettrez, où ilfe plaignit avec indignation ,
de la prifon des deux évêques Roger & Sariiberi 8c
Alexandre de Lincolne. Ces deux prélats , les plus
puiffans entre les évêques d’Angleterre, avoient été
rendus fufpeéts au roi à caufe de plufieurs châteaux
qu’ils avoient fait bâtir ; 8c l’occafion d’une grande
cour tenue à Oxfor vers la S. Jean, le roi les fit arrêter
fous prerexte d’une querelle particulière : 8c fe
faifit de leurs châteaux.
Cette a&ion du roi fut prifediverfement ; les uns
difoient qu’il avoit bien fa it, & qu’il ne convenoit
pas à des évêques de bâtir des fortereffes pour fervir
de retraites aux gens mal intentionnez. C ’étoit Hugues
archevêque de Rouen, qui prenoit le plus hautement
le parti du roi. Henri évêque de Vincheftre,
L i v r e S o i x a n t e -Hu i t i ’eme . 5 4 1 -----------
quoique frere du roi, prenoit le parti contraire, & A n.n 39.
difoit : fi les évêques font en faute ils doivent être
jugez , non par l’autorité du ro i, mais félon les canons;
8c le roi n’a pu les dépouiller de leurs biens
fans un jugement ecclefiaftique. Auffi voit-on bien
qu’il ne l’a pas fait par l’amour delajuftice, mais par
fon intérêt: puifqu’il n’a pas rendu ces châteaux aux
cglifes aufquelles ils appartiennent, ayant été bâtis
fur leurs terres 8c à leurs dépens, mais il les adonnez
a des laïques qui ont peu de religion. L’évêque
de Vincheftre parloir ainfi en particulier & en public
devant le roi fon frere , mais il n’étoit pas écoute;
8c c’eft ce qui le fit refoudre à convoquer le concile
, où il cita le roi lui-même.
Il fe plaignit donc de la capture des deux prélats ,,
dont l’un, fçavoirl’évêque de Sariiberi, avoit étépris
chez le roi, l’autre, fçavoirl’évêque de Lincolne dans
fon logis ; 8c l’évêque d’Heli n’avoit évité la prifon
que parla fuite. Il fe plaignit de l’injure faite à la religion:
en ce que fous prétexte de la faute des évê-
! ques, les églifes avoient été dépouillées de leurs biens.
Il ajoûta, que le roi ayant été plufieurs fois averti,
n’avoit pas refufé la convocation du concile ; 8c con-
■ dut en demandant le confcil de l’archevêque de Cantorberi
Sc des autres prélats ; 8c promettant d’execu-
I ter ce qu’ils auroientrefolu, fans aucun égard ni à l’amitié
du roi fon frere, ni à la perte de fes biens, ou
meme au danger de fa vie. Le roi envoya des comtes
I concile demander pourquoi il y avoit été appelle.
Le légat répondit : Etant prince C hré tien ,il ne doir
Pas trouver mauvais d’être appelié par les miniftres.
de Jefus-Chrift, pour fendre compte d-’un crime
Y y y H