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A n. i i 39. inoüi de notre rems : car emprifonner des évêques
Sc les dépouiller de leurs biens, c ’eft agir comme du
ftems des payens. Dites donc à mon fre re , que s’il
veut croire mon confeil, je le lui donnerai t e l , qu’il
ne pourra, être défapprouvé ni par l’églife Romaine,
•ni par la cour du roi de France , ni par le comte de
'Champagne notre frere. Enfin qu’il eft obligé plus
qu’un autre à favoriferl’églife, qui l’a reçu Sc élevé au
royaume,fans qu’il ait eu befoin d’employer les armes.
Les comtes étant fortis revinrent peu de tems
après, accompagné d’Aubri de Ver homme exercé
dans les affaires 8c chargé de la réponfe du roi. Il attaqua
principalement Roger évêque de Sarisberi, car
Alexandre de Lincolne s’étoit retiré,épargnant toutefois
les paroles dures : mais quelques-uns des comtes
qui étoient près de lui l'interrompoient fouvent,.
Sc difoient des injures à l’évêque. Aubri raffembla
toutes les plaintes du roi contre l’évêque Roger ; entre
autres , que tout le monde difoit qu’il prendroit
le parti de l’imperatrice Mathildefi-tSt qu’elle vien-
dfomeirAngleterre. Ainfi qu’il avoit été p r is , non
comme évêque , mais comme officier du roi , chargé
de fes affaires 8c recevant fes gages. L’évêque fe recria
contre cette qualité d’officier du roi 8c menaça
que fi on ne lui faifoit juftice en ce concile ,. il la
demanderoit à un plus grand tribunal, c’eft-à-dire à
celui du pape. Le légat dit avec fa douceur ordinaire
: Tout ce que l’on avance contre un évêque,, doit
être examiné dans un jugement ecclefiaftiquc. Le roi
doit commencer par rétablir les évêques dépoüillez:
autrement fuivant le droit commun, ils ne plaideront
point deffaifis.
E i v r e S'o i x a n t e - H u i r i e’m e .' 543
Le roifirremettre lacaufeà deux jours , jufques à
Earrivée de l’archcvêquedeRoüen, qui étant venu
dit qu’il demeureroit d’accord que les évêques gardaient
leurs châteaux.; s’ils pouvoient prouver parles
canons, qu’ilseuffent droit déles avoir. Puis il ajouta
: Je veux qu’ils en ayent d ro it, nous forâmes dans
un tems fu fp e d ,o ù fe lo n l’ufage de toutes les autres.
nations , tous les feigneurs doivent donner les clefs
de leurs fortereffes au roi qui fait la guerre pour la
fureté commune. L’avocat Aubri àjoûta : Le roi eft
j a v e r ti, que lés évêques menacent d’envoyer à Rome
contre lui ; 8c il vous fait fçavoir, que perfonne nefoit
affezhardi pour le faire , parce que fi quelqu’un fort
d’Angleterre contre fa volonté ôc contie la dignité
1 du royaume, ilpourrabien n’y pas rentrer aïfément..
■ Au contraire le roi fe fentant grevé,, vous cite lui-
même â Rome. On vit bien à quoi tendoient ces,
| menaces du roi : c’eft pourquoi le concile fe fepara .
fans rien conclure. Car le roi ne ie vouloir point fou-
I mettre au jugement des prélats8c ils ne jugeoient:
I pas à propos d’employer contre lui les cenfures ec—
clefiaftiques : tant parce qu’ils croyoient temeraire.-
d’excommunier un prince fans la participation dus I pape , que parce qu’ils voyoientdés épées tirées au-,
tour d’eux, que l’affaire devcnoit très-ierieufé. Tou-
I tefois le légat 8c-l’archevêque de Cantorberi vpour
I ne pas manquer â leurdevoir, allèrent trouver le roi;
dans fa chambre, & fe jettant à fes pieds, le prièrent;
d’avoir pitié de l’églife, de ion ame &c de fa reputac
tion ; 8c ne pas permettre qu’il fe formât une divi-
| fion entre le royaume 8c le faeerdoce. Il les traita avec :
I honnêteté Sc foutint qu’il n'y avoir point de fa faute.; :
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