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des veritez utiles a fon falut ; afin de ne pas s abandonner
lui même-, fous prétexté de la charité du pro-
chain. Il montre enfuite combien -il eft indigne 'd un
pape, dé juger des affaires temporellest par l’autorité
de S. Paul, qui renvoyé ces jugemens aux plus
j. méprifables entre les Chrétiens: qui di t , que celui
4. qui eft au iervice deDieu ne s’embaraife point d’a&
!4. faires feculieres : par l’exemple de J. C. même , qui
re-fufa d’êcre arbitre entre deux freres. Saint Bernard
convient toutefois, que fon tems ne pouvoir porter
cette perfeition.; &c quefi le pape Eugene refufoit de
juo-er ces fortes d affaires, on le traiteroit de rufti-
que &c d’ignorant , qui deshonoreroit fa dignité.
Cependant, ajoute-t’i l , je voibien que les apôtres
ont été préfeatez pour etre jugez: mais j e n e v o i
point qu’ils fefoient affis comme juges : le tems n en
eft pas encore venu. Le ferviteur diminuë-t’il donc
fa dignité , s’il ne veut pas etre plus grand que fon
maître? C ’eft pour juger les péchez &c non pas les
biens, que vous avez reçu les clefs du royaume des
ci eux ; ces chofes baffes & terreftres ont leurs juges,
qui font les rois &c les princes de la terre. Pourquoi
entreprenez-vous fur lepartage d’autrui ? Ce n’eft pas
que vous foyez indigne de ces occupations , c eft
quelles font indignes de vous , parce que vous en
ayez de meilleures.
Enfuite il ajoûte : Si tout d’un coup vous vous
donniez tout entier à cette philofophie , on vous ac-
euferoit d’être fingulier & de blâmer vos prédecef-
feurs, en vous éloignant de leur conduite. toutefois
iî nous prenons les exemples des bons papes plu-
iot que des nouveaux , nous en trouverons qui fe
faifoient
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faifoient du loifir au milieu des plus grandes affaires,
comme S. Grégoire , qui expliquoit la partie la
plus obfcure d’Ezechiel pendant le fiege de Rome.
Enfin il le malheur des tems, la calomnie, la violence,
l’oppreflion des pauvres, vous oblige à juger des
caufes, qu’on les plaide au moins comme il convient.
Car la maniéré préfente eft exécrable & indigne, je
ne dis pas de l’églife, mais d'un tribunal feculier.
J’admire comment des oreilles pieufes peuvent fouf-
frir ces difputes d’avocats &c ces combats de paroles ,
plus propres à détruire la vérité qu’à la trouver. Rien
ne la découvre fi facilement qu’une courte & fimple
narration. Je fouhaite donc que vous décidiez promptement
les caufes, que vous ne pouVez éviter déjuger
par vous-même; que vous retranchiez les délais
f ruftratoires & captieux : que vous admettiez les caufes
de ceux qui n’ont rien à donner : vous en pourez
commettre plufieursà d’autres, 8t vous en trouverez
plufieurs indignes de votre audience. Car à quoi bon
écouter ceux dont les péchez font manifeftes ? L ’impudence
des méchans eft devenue extrême, faute d’avoir
été réprimée, & leur grand nombre empêche d’en a-
voir horreur. Faites vous craindre de ceux qui fe fient
à leur argent, qu’ils foient réduits à vous le cacher ,
fçaebant que vous êtes plus difpofé à le répandre qu’à
le recevoir. Si vous êtes ferme dans cette conduite
vous en gagnerez plufieurs & les obligerez à s’appliquer
à des occupations plus honnêtes ; vous en pré-
ferverez même plufieurs de la tentation. Ajoutez
qu en vous déchargeant ainfi vous gagnerez du tems
pour le loifir que je vous confeille de prendre. Ainfi
Tome X iV . ' T t t t
An. i 149.
Sup. liv. x xx v.
c. 10.