
A n. 1153",
X X X V I I I .
L ’abbé Rupert
éefes écrits.
tpijl. ad Cun,
fr o Dili. O f
4f i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e s
Champagne donna de grandes iommes pour cet er-
£et, & en promit encore plus ; les évêques voifins ,
les nobles, les riches marchands contribuèrent volontairement
Sc avec joie, les moines travailloient eux-
mêmes avec les ouvriers a tailler les pierres . a maçonner,
à couper le bois, à conduire 1 eau de la rivière
par dès canaux \ ainfi ce grand ouvrage lut
achevé beaucoup plutôt que 1 on ne 1 efperoit.
C ’eft le tems où mourut l'abbé Rupert fameux par
fes écrits. Il fut premièrement moine à S. Laurent
près de L ie g e , où il eut pour maîtres, Berenger abbe
de ce monaftere, &c Heribrand fon fucceffeur. 1 pa a
fa vie à étudier Si compofer des liv re s , dont le premier
fut celui des divins offices, écrit en 1 1 1 1 . H t
enfuite des commentaires fur l'ecriture fuivant un
deiïein qu’il s’étoit propofé , de rapporter tout ce
que lle contient, aux oeuvres des trois perfonnes de a
fainte T rinité. L’oeuv re du Pere eft la création, depuis
le commencement jufques à la chute du premier
homme: l’oeuvre du Fils eft la rédemption, depuis
cette chute jufques à la paffion de Jefus-Chrift, ce qui
comprend la plus grande partie des livres faints L oeuv
re du Saint-Efprit eft le renouvellement de la créature
, depuis la réfurreétion de J. C. jufques à la fin
du monde: Il dédia ce grand ouvrage en 1117. 3 Cu-
no abbé deSigebert, & depuis évêque de Ratifbon-
ne fon proteébeur, qui le fit connoitre a Frideric archevêque
de Cologne ; & ceprelatle fit abbe de Duis
vis-à-vis de la ville.
* Quelques-uns fe plaignoient que Rupert & les aut
res favans de ce tems écrivoient trop; & fis difoient
comme il rapporte lui-meme : Les écrits des Saints
r nous
L i v r e S o i x a n t e - H u i t i e ’ m e . 475'
mis fuffifent, nous ne pouvons pas même lire tout
ce qu’ils ont écrit : beaucoup moins ce que ces docteurs
inconnus & fans autorité écrivent de leur tête.
On reproche en particulier à Rupert d’avoir dit, que
Fa fubftance du pain &c du vin n’eft point changée
dans l'Euchariftie, non plus que la fubftance du verbe
dans 1 incarnation. Mais il s’explique lui-même , en
difant, que la fubftance du pain & du vin n’eft point
changée quant aux efpecesfenfibles; & i l dit ailleurs
nettement : croyons fur la parole du Sauveur ce que
nous ne voyons pas : c’eft-à-dire, que le pain & le vin
a paffé dans la vraie fubftance de fon corps & d e fon
fang. Il s’en explique encore en plufieurs autres endroits
de fes ouvrages. L’abbé Rupert mourut le quatrième
de Mars 1135. &c quelques-uns l’ont compté
entre les Saints. Son nom eft le même que R o b e r t,
félon la prononciation Allemande.
S. Bernard ne demeura pas long-tems à Clairvaux
après ion retour d’Italie. Geoffroi évêque de Chartres,
légat du pape Innocent en A qu ita in e , le demanda
& l’ob tint, pour lui aider à délivrer cette
province du fchifme, où Gérard d’Angoulefme l'a-
voit engagée. Bernard y confentit & promit défaire
ce voyage, après qu’ilauroit établil’abbaïe deBuzai,
nouvellement fondée par Ermengarde comtefle de
Bretagne, qui fe fit elle-même religieufe. Bernard
avoit dejafaitun premier voyage en Aquitaine avec
JoiTelin eveque de Soiflons, par ordre du pape Innocent
lorfqu’il étoit en France, c’eft-à dire en 1131.
Us vinrent jufqu'à Poitiers, pour conférer avec le
duc&avecl eveque d Angoulefme: mais cette entrevue
fut fans effet, 1 eveque Gérard s’emporta contre lç
Tome X I F . O o o
A n. 1 i 3 3.
Lib. i i . inExoi,
t. 10.
epifi. ad Cuti,
ante Evan. J e ,
V. Gorberon.
apol. pro Ru p.
Boll. 4. Mart,
tom. 6* p. 199,
X X I X .
S. Bernard pafle
en Aquitaine.
C. 6 , 71. 34.
p. epift. 11 S.
ib, no.
Vita n. 3 6.