
H i s t o i r e E c c l e s ï a s t i q j j è .
—------- __ croix, des aigles, des lions,des loups, des dragons.
A n . xiii. Il y avoit cent religieufes portant des flambeaux ,
avec une multitude infinie de peuple portant des palmes
, des rameaux &c des fleurs. Hors la porte il fut
reçu par les Juifs , & dans la porte par les Grecs en
chantant. Là par ordre du pape fe trouva tout le
clergé de Rome ; & le roi étant defcendu de cheval ,
; ils le menèrent avec des acclamations de louange aux
degrez de faint Pierre. Les aïant montez, il trouva
>le pape q u il’attendoit accompagné de plufieurs évêques,
des cardinaux prêtres,diacres & foudiacres, &
du refte des chantres. Le roi fe profterna & baifa les
pieds du pape, puis ils s’embraffercnt & fe baifcrent
trois foisj& le roi tenant la main droite du pape félon
la coutume, vint à la porte d’argent avec des grandes
acclamations du peuple. Là il lut dans un livre le fer-
anent ordinaire des empereurs , & le pape défigna
Henri empereur,le baifa encore, &c l’évêque de La-
vici dit fur lui la première oraifon.
A près-être entrez dans l’églife,ils s’aflirentdans la
falle appellée la roue de porphyre, à caufe du pavé
figuré en rond. Le pape demanda que le roi rendît
à ï ’églife fes droits , & renonçât aux inveftitures,
comme il avoit promis par écrit. Le roi fc retira à
part vers la facriftie avec les évêques & les feigneurs
de fa fuite, où ils confererent long-tems. A veceux
étoient trois évêques Lombards, dont l’un étoit Bernard
de Parme. Comme le tems fe paflfoit, le pape
cnvoïa demander au roi l’execution delà convention ;
& peu après les gens de la fuite du roi commencèrent
à dire que l’écrit qui avoit été fait ne pouvoit fub-
iîfter , comme étant contraire à l’évangile , qui or-.
L i v r e s o i x a n t e -s i x i e ’m e . 133
donne de rendre à Cefar ce qui eft à Cefar ; & au précepte
de l’apôtre , que celui qui fert Dieu ne s’engage
point dans les affaires du fiecle. On leur répondit par
d’autres autoritez de lecriture & des canons ;mais ils
demeurèrent aheurtez à leur prétention.
Cependant le roi dit au pape : Je veux que la di-
vifion qui eft entre vous & Etienne le Normand fi-
niffe maintenant. C ’étoit un feigneur Romain qui
fut en grande confideration fous les papes fuivans."
Le pape répondit : La plus grande partie du jour eft
paflee, & 1 office fera long , commençons s’il vous
plaît par ce qui vous regarde. Auffi-tôt un de ceux
qui étoient venus avec le roi fe leva & dit: A quoi
bon tant de diicours : fçachez que l’empereur notre
maître veut recevoir la couronne comme l’ont reçûë
Charles, Louis & Pépin. Et le pape aïant déclaré
qu’il ne pouvoit la donner ainiî, le roi entra en colèr
e , & par le confeil d’Albert archevêque de Mayence
& de Burchard évêque de Saxe , il fit environner
le pape de gens armez. Comme le jour baiffoit déjà,
les évêques & les cardinaux confeillerent au pape de
couronner l’empereur , & remettre au lendemain
1 examen du refte -, mais les Allemans rejetterent encore
cette propofition.
Le pape & tous ceux qui l’accompagnoient étoient
toujours gardez par des gens armez. A peine purent-
ils monter a l’autel de S. Pierre pour oüir la méfie, &
a peine put-on trouver du pain , du vin & de l’eau
pour la celebrer. Après la meffe on fit defeendre le
pape de fa chaire ; il s’affit avec les cardinaux en bas
devant la confeflion de S. Pierre, & y futgardé juf-
qua la nuit fermée : puis on les mena à un logis
BftflJf.
A N . I I I I -
i
■y
ï