
i 6 o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
fa fermeté & fon zele, & fçachant la p^rfecution qu’il
N. 1118. a v o i c foufferte à caufe de la prédication lui donna
la faculté de prêcher la parole de Dieu , non feulement
dans les lieux où il l’avoit prêchée , mais par
tout où il vou d ro it, lui en donnant même un ordre
exprès; avecdéfenfeà ceux qui avoient voulu s’y op-
pofe r, d’empêcher le fimple peuple de profiter de les
inftru&ions ; & afin que perionne n’en pût douter, il
lui en fit expedier une bulle. Avec ces pouvoirs Norbert
s’en retourna, marchant toujours nuds pieds
dans la plus grande rigueur de l’hiver y & fans que le
fro id , la faim, ni la laifitude rallentiffcnt fa ferveur.
Il marchoit quelquefois dans la neige jufques aux
genoux, il ne mangeoit que le foir & des viandes de
carême, hors les dimanches, & ufoit rarement de vin
ou depoiiTôn.
Concile'de PaPe Gelafe envoïaUn légat à Rouen, où fe te-
Rouen. noit un concile qui commença le feptiéme d’Oétobre
iOrieric.ub. 12. cette année 1118. Henri roi d’Angleterre y traita de
} . 8 + j. te .X . conc. . . . . . _ . P . 1 ,
t■ H la paix du roiaume avec Raoul archevêque de Cantorberi
& les autres feigneurs qu’il y avoir aifemblez ;
& Geofroi archevêque de Rouen y traita des affaires
de l’églife , avec quatre de fes fuffragans. qui étoient
prefens, & plufieurs abbez, dont dix font nommez :
les évêques étoient Richard de Bayeux , Jean de Li-
iîeux , Turgis d’Avranches & Roger de Coutances.
Serlon de Sées envoïa s’exeufer fur fa vieilleife & fes
infirmitez: Audin d’Evreux fur la neceflité de défendre
le païs contre les ennemis ; en quoi toutefois il
réuifit mal. Le légat du pape étoit un clerc Romain
nomme Conrad, qui parla très-éloquemment, com-
ffle aïant été nourri dans lafource de la Latinité. Il
L i v r e s o ï x a n t e - s i x i e ’m ë .' z <j i
fe plaignit de l’empereur qui perfecutoit les catholi- “
ques, de l’antipape Bourdin & des vexations quel’é- N' 111 *
glife fouffroit en Tofcane. Il reprefenta que le pape
avoir été réduit à venir au deçà des Alpes comme en
exil ; 5c conclut en demandant à l’églife de Normandie
le fecours de fes prières,& encore plus de fon argent.
Ce font les termes d’Orderic auteur du tems.
La même année on tint un concile à Touloufe, où R^a-,,,,
•on conclut le voïage d’Efpagne pour le fecours d’Al- Satragocc'
fonfe roi d’Arragon, qui le fixiéme de Décembre ga- ÿm WÈM' É!
Y ^ , P 119* tom. i. B ib l,
gna une grande bataille contre les Mores ou etoient
plufieurs de leurs ro is , entr’autres ceux de Maroc &c bum* Arr^on,
de Grenade. Le dixième du même mois il prit Sarra-
gocé , après quoife rendirent huit autres villes & plufieurs
châteaux. Après la prife de Sarragoce on avoit
élû pour en être archevêque Pierre Librane , qui alla
trouver le pape Gclafe,fut facré de fa main, & rapporta
une bulle dattée du neuvième de Décembre, & g»uf.efifi.
adreifée à l’armée chrétienne qui ailiegeoit Sarragoce.
Par cette bulle le pape accorde indulgence à ceux qui
après avoir reçu penitence mourroient en cette en-
treprife, & à tous ceux qui travailleroientaurétablif-
fement de cette églife, & donneraient pour la fubfil-
tance du clergé,indulgence à la diferetion des évês
& . ^ 1 ques, a proportion de leurs bonnes oeuvres. En vertu
de cette bulle l’archevêque Pierre étant établi dans
fonfiege, envoïa fon archidiacre Miorrand ayee des
lettres fouferites par lui & par trois autres evêques
adreffées à tous les fidelles ,-afin de donner des indulgences,
& recueillir des aumônes pour le rétabliife-
ment de fon églife. Sarragoce avoit été près de quatre
cens ans au pouvoir des infidcks.
K k iij