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54Î. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Pâques, pour ne pas ^roubler. l’application à l’oraifou;
que cetems-cinous prefçrit. Souffrez mon filenee 8c
ce dçlai : d'autant plus que j ’ai ignoré jufques à pre-
fent prefque tout ce que vous me mandez. On voit
ici y que S. Bernard fut excité par l’abbé Guillaume à
écrire contre Abailard. On voit encore avec quelle
religion il confervoit le recüeillement du carême,,
lors, même qu’il s’agilfoit de l’intérêt de la religion.
Saint Bernard voulant corriger Abailard de fes erreurs
fans le confondre ,. l’avertit en fecret, Se traita
avec lui fimodeftement Se fi.raifonnablement, qu’A-
bailard en fut touché Se lui promit de tout corriger
félon qu’il lui prefcriroit. Mais quand faint Bernard
l’eut quitté , il abandonna cette fage refolution :exr
cité par de mauvais confeils* 8c fe fiant à fonefprit
& au grand exercice qu’il avoit de difputer. Sachant
donc qu’on devoit bien-tôt tenir un concile nombreux,
à Sens, il alla trouver l’archevêque, 8c fe plaignit que
l’abbé de Clairvaux parloit fecretement contre fes livres.
Il ajouta,qu’il étoit prêt de les défendre en public,
8ç demanda que l’abbé lût appellé au concile, pour
expliquer ce qu’il pourroit avoir à dire. L’archevêque
fit ce qu’Abailard avoit demandé, St écrivit.à,faint
Bernard de fe trouverau concile : mais il,s’excufad’y
aller, 8c écriyit ainfi aux évêques qui dévoient yêtre
appeliez. Un bruit cour t , Sc je croi qu’il eft venu
jufques à vou s , qu’on m’appelle pour me trouver à
Sens à l’otftave de la Pentecôte 5 8c que c’eft un défi,
afin de m’engager à une difpute pour la défenfe de la
foi : quoiqu'il ne convienne pas à un ferviteur de
Dieu de difputer , mais d’ufer de patience envers
L i v r e So i x a n t e - H u i t i e ’m'e. 547
tout le monde. Sic’étoitmon affaire propre, je pour-
rois , 8c peut-être avec fondement me flater de vôtre
proteôtion : mais püifque c’eft auffi votre caufe , Sc
plus la vôtre que la mienne , j ’ofe vous avertir 8c je
vous prie inftamment, de vous montrer amis aube-
foin : je dis amis de Jeius-Chrift 8c de fon époufe.
Et ne vous étonnez pas de ce que nous vous invitons
fi fubitement : c’eft un artifice de notre adverfaire
pour nous furprendre au dépourvu. Le faint abbé ceda
toutefois enfuice au confeil de fes amis : qui voyant
que tout le monde fe préparoic à ce concile, comme à
un fpeétacle, craignoient que fon abfencen’augmen-
tât le.fcandale du peuple^ 8c la fierté d’Abailard ; 8c
que l’erreur ne fe fortifiâc,s’i lne fe trouvoit perfonne
pour s’y oppofer. Saint Bernard fe rendir donc à leur
avis , mais avec une telle répugnance, qu’il en vería
des larmes,; 8c il fe trouva au lieu & au jour marqué
, quoique peu preparé à la difpute. C ’eft ce
qu’il témoigne lui-même dans fa leccre au pape Innocent.
Leconcilede Sens fe tint au jour marqué, c’eft-à-
dire à l’oéfave de la Pentecôte, qui étoit le fécond
de Juin 1140. 8c on ne peut mieux apprendre ce qui s’y
paifa, que par la lettre fynodale que faint Bernard en
écrivit au pape, fous le nom des évêques de France ,
c’eft-à-dîre de la province de Sens : fçavoir Henri archevêque
de Sens, Geoftroi évêque de Chartres 8c
légat du faint fiege : t lie évêque d’Orleans, Hugues
d’Auxerre, Hatton deTroyes,Manaifès de Meaux.
Après avoir raconté ce qui s’étoit paifé jufques au
concile, l’archevêque continue ainfi : Ce jour-là, qui
étoit l’oitaye de la Pentecôte, les évêques nos fuffra-
Z z z ij
A n. i 140.
epijt»
LXII.
Concile de Sens,’
tom. x. conc.p•
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