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A n. i 1,14
Chr. Cajf. ly .
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p a H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
■ Alors le pape commanda encore aux cardinaux &
■ a u x autres juges de lire leurs avis fur ces faits. Ce que
voïant l'archevêque de Benevent,il pria le duc G uillaume,
le comte Robert, Pierre de Léon & les évêques
•de prier le pape de ne les pas deshonorer publiquement,
offrant d’aller en exil,même outre mer. Ils
le jetterent aux pieds du pape , mais ils n’en purent
rien obtenir. Les juges eux-mêmes après avoir déli—
■beré ne pou voient fe réfoudre à prononcer ; mais le
pape leur ordonna par la foi qu’ils dévoient à faint
Pierre & à l u i , de dire ce quiétoit conforme aux canons.
Alors l’évêque de Porto parla le premier , &c
dit avec de grands fentimens de douleur : Parce que
vous avez pris les regales de fàint Pierre , gardé les
clefs des portes, envahi le palais, chaffé Landulfe, &
meprifé de venir à la cour, ÿ étant appelle : nous
prononçons contre vous la fentence de dépoiîtion.
L ’archevêque de Capouë & le cardinal Grégoire prononcèrent
de même ; 8c Comme les autres juges voulaient
parler en conformité , l ’archevêque de Benevent
fe leva pâle & défait : on ôta fon iïege , 8c il
fortk du concile comme hors de lui. Cette affaire au
fonds étoit purement temporelle, mais on y voit en-
pore la forme des jugemens canoniques.
En ce même concile l’archevêque de Cofence ac-
çufa Roger comte de Sicile, de l’avoir chaffé de fon
fiege , 8c contraint de fe rendre moine au Mont-
Caffin. Sur quoi le pape dit : Ce n’eft pas moi que
regarde cette affaire, c’eft l’abbé du Mont-Caffin,
fuivant le pouvoir que lui en ont donné mes préde-
ceffeur-s. L ’abbé dit : Dieu ne veut point de fervices
fp x ç c z ; p’p.ft pourquoi fi vous avez pris l ’habit moiiaftiquc,
L i v r e so r x a n t e -!s i x i e’m e .
nâftique contre votre volonté , mettez-le aux pieds -----------—
du pape : vous pourrez enfuite le reprendre ou le A n . 1114.
laiffer. L ’archevêque de Cofence mit auifi-tôt fon
habit monaftique aux pieds du pape , 8c jamais on ne
put lui perfuader de le reprendre.
Godefroi évêque d’Amiens étoit fatigué depuis xxvnr.
long-tems de l’indocilité de fon peuple,' 8c des vio- GodcfrôTai-'1'
lences exercées par les nobles , au mépris de. la treve micns‘
de Dieu. Celui dont il eut le plus à fouffrir,fut Guer-
mond vidame de Piquigny, qui, bien que fon vaffal, vitaub.i.c.^9.
prit à fes yeux un autre de fes vaffaux nommé Adam,
contre la paix qu’il avoit jurée, & le tint dans une
dure prifon, fans être touché ni de l’excommunica- m. m. c. 1.
tion de l ’évêque , ni de fon humilité , qui le porta
jufques à aller trouver. Guermond chez lu i, & fe jet-
ter publiquement à fes pieds. Enfin Guermond étant c. j. |
pris lui-même , le faint évêque eut encore la charité-
dele délivrer. Les bourgeois d’Amièns aïant obtenu
du roi le droit de commune , à l’exemple de ceux de
L a o n , l ’évêque én favorifa l’établiffement : mais En-, Guibert. liî.d-e
guerran comte de la ville voïant diminuer par la fes ‘‘H'
anciens droits, s’y oppofa comme aune rébellion,&
attaqua les bourgeois à main armée, Ils le ehafferent
de la ville 8c lui firent la guerre , foutenus par levé.—
que & par le vidame. Mais aïant été abandonnez
par Thomas de Ma rie , qu’ils avoient appellé à leur
fecours , ils ne purent fe maintenir.
Godefroi ne pouvant donc plus foüffrit les dé-
fordres dont fon diocefe étoit agité , réfolut de «-.s.
tout quitter ; 8c aïant oiii parler de la fainte vie des '
hermites de la Chartreufc, il s’y retira. Guigues
homme diftingué par fa fcience 8c par fa'vertu , en
Tome X I V . B b