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AN.1130 mander la permiffion de quitter fon iîege. Ce defir
qu’il avoit eu dès le commencement de ion épifcopat,
lui dura toute fa vie: mais il augmenta à mefure qu’il
v it croître fon âge 8c fes infirmitez. il fe regardoit
comme un ferviteur inutile , qui occupoit la place
d’évêque, en recevoit les honneurs 8c les revenus,
fans en avoir le mérité , ni en faire les fruits. Le pape
Honorius n’eut toutefois aucun égard à fa demande
; 8e renvoya fes députez avec des lettres de con-
folation , où il l’exhqrtoit à perfeverer. Hugues ne
fe rebuta pas, il alla lui-même à Rome, 8e conjura
le pape qu’il lui permît d’achever fa vie en repos , 8e
qu’il donnât un meilleur pafteur à l’églife de Grenoble
; mais le pape deme.ura perfuadé, que par fon autorité
8e fon bon exemple il pouvoit être plus utile à
fon troupeau que tout autre. Il lui accorda donc ce
qu’il demandoit d’ailleurs, le confola autant qu’il put
Ôc le renvoya avec honneur.
L’excommunication de l’anti-pape Anaclet fut la
derniere aétion remarquable de S. Hugues. Depuis
ce tems fes infirmitez allèrent toujours croiffant ; 8e
il perdit la mémoire, excepté pour les chofas fpiri-:
tuelles.. Enfin il mourut le vendredi avant le dimanche
des Rameaux , qui étoitle premier jour d’Avriî
1 131. âgé au moins de quatre-vingt ans, la cinquante
deuxième année de Ion épifcopat. Trois évêques
affifterent à fes funérailles, Geofroi de Chartres
, qui l’étoit venu vifitcr dans fa maladie, Ulric
de Die difciplc du fa in t, 8e Hugues Chartreux, qu’il
avoit fait ordonner de fon vivant évêque de Greno-
c«£chr. ble. Ses fucceifeurs pendant plus d’un fiecle furent
auffi tirez de la Chartreufe. S. Hugues fut canonifé
L i v r e S o i x a n t e - H u i t i e ’m e . 42,1 *—
deux ans après fa mort par le pape Innocent II. 8e l’é- 11
glife honore fa mémoire le jour de fa mort.
Martyr. Rom. r. Apr.
V .
Concile d’JL*
Itampcs.
$ug. vita Lud.
T' 317«
Ernold. lib. z 1.
vita Bern, c. i .
Le roi de France Loüis le Gros ayant appris ce qui
s’étoit paifé à Rome, indiqua un concile à Eftampes
pour examiner lequel des deux prétendus papes étoit
clû le plus canoniquement. S. Bernard fut nommément
appellé à ce concile par le roi 8c par les principaux
évêques ; 8c il femit en chemin avec grande
crainte, connoiilant le péril Sc l’importance de l’affaire
: mais il fut confolé pendant le voyage par un
fonge, où il vit une grande églife dans laquelle on
chantoit de concert les louanges de Dieu : ce qui lui
fit efperer fermement la paix. Quand le concile fut
aifemblé à Eftampes, après le jeûne Sc les prières, le
roi s’écant affis avec les évêques 8c les feigneurs pour
delibererde cette grande affaire : ils convinrent tous
d’un commun accord , de s’en rapporter à l’abbé
Bernard 8c d’en paffer par fon avis. Il accepta cette
commiffion , par le confeil de quelques amis fideles,
mais en tremblant; 8c ayant foigneufement examiné
la forme de l’éleètion, le mérité des élcéteurs, la vie
8c la réputation de celui qui avoit été élûle premier:
il déclara qu’innocent devoir être reconnu pape ; Sc
toute l’affemblée y aplaudit. On chanta les louanges
de Dieu félon la coutume : tous fbufcrivirent à l’élection
d’innocent, 8c lui promirent obéïffance.
Cependant le pape Innocent étant arrivé à Pife ,
y fut reçu avec tout l’honneur poffible. Il y féjourna
quelque tems, 8c régla avec'àutoricé plufieurs affaires
tant dans cette v ille , que dans lerefte delà Tofcane.
Enfuite il prit congé des Pifans, les remercia de leurs
bons offices ; 8c s’écant rembarqué il paffa à Genes 8s HÉjàfri»»*.
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vx.
Innocent en
Fiance.