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il prit le titre de duc. Il envoya une ambaffade au pa-
pe Honorius avec des prefens, le priant de lui accorder
ce titre avec Pétendart; Si lui promettant, s'il le
fa iio it , la ville de Troie & celle de Montefofco près
deBenevent. Lepaperefuia fesoiîres, prétendant que
Roger avoit dû commencer par recevoir de lui l’invef-
titure : de quoi Roger indigné, fit ravager par les fei-
gneurs Tes vaiTaux,le territoire de Benevent. Pour s’y
oppofer, le pape vint à Capouë la même année le
trentième de Décembre, ou il fa-crale prince Robert,
ôc harangua ceux quis’étoient afiemblez pour cette fo-
lemnité : leur reprefentant les maux que le comte
Roger avoit fait à la ville de Benevent : proteftant de
ne jamais écouter fes promeifes, mais de lui refiiter
jufques à la mort; Sc demandant pour cet effet le fe-
cours des aififtans. Ils le promirent tons fondant Èn
larmes , le nouveau prince Robert tout le premier ;
le pape promit à tous ceux, qui ayant reçu la pénitence
, mourroient dans cette expédition , la remiftlon
de tous leurs pechez : & la moitié de l’indulgence à
ceux qui n’y mourroient pas. Ce qui les encouragea
merveilleuiément à cette guerre.
D’année fuivante le duc Roger entra dans la
Poiiille avec une grande armée, 6c le pape marcha
de ion coté pour l’en chafler, avec Robert prince de
Çapouë 5c plufieurs autres feigneurs du pays : mais
Roger habile guerrier ne leur livra point bataille , 6c
fe tint avec fon armée dans des lieux où ils ne pouvaient
l’attaquer : jufques à ce qu’ennuyez dé tenir la
campagne 6c manquant de fubfiftance , ils fe diffi-
perent 6c retournèrent chacun chez eux. Le pape fe
yoyant abandonné revint à Benevent : le duc le fui?
L i v r e S'o i x a n t e -Se p t i e’m e. 383
v it auiïï-tôt ; & lui ayant envoyé des d éputez, il fit
fa paix , lui rendit hommage l ig e , ôc reçut de lui par
1 ctendart, l’invèftiture du duché de PoÜille. Ce traite
fut fait le jour de l’o fta v e d e l’Ail'omption ving t-
deuxième d’Aouft n z8 .
L.anneeprecedente Charles le bon comte de Flandres,
fut tué par fes propres fujets, ôc regardé comme
martyr de la juftice. Ce prince étoit fils de faint
Canut roi de Danemarc, tué l’an 1087.6c tenu pour
martyr : fa mere étoit Adele fille de Robert le Frifon
comte de Flandres. Charles alla dans fa jeuneiTe à la
terre iainte, ôc y fervit contre les infidèles avec beaucoup
de valeur. Etant devenu comte, ôc ayant affermi
fa puiifance, il rendit un grand refpeët aux prélats
6c a tous les ecclefiaftiques, jufques à recevoir
volontiers leurs correëtions ; ôe il déchargea les
egliles des impofitions établies par fes prédecef-
eurs. Quand il rendoit ju ftice , il expedioit toû-
jours les caufes des ecclefiaftiques les premières,
pour les renvoyer plus promptement à leurs fonctions.
Dans unefterilité qui dura l’année n z j . & là
luivante, il eut un foin particulier des pauvres : il en
nourriiToit cent en chacune deiès terres, 6c beaucoup
plus au heu où il fe trouvoit 3 on remarqua qu’ é-
tant alpres,il diftribua en un jour jufques à iept mille
auit cens pains. Il ¿toit tellement eftimé des étrangers,
qu on lui offrit le royaume de Jerufalem pendant
la prifon de Baudoüin II. 6c l'empire après la
mort de Henri V . mais il refufal’un 6c l’autre. U s’attira
la hame des méchans : en réprimant avec force
« leverne les meurtres, les violences 6c lesinjuftr-
A n. i 117,
LIII.
Charles le bon
coince de Flandres.
Sup.liv. L X I I I ,
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yita ap. Boíl.
z . Mart. tem% 6* 164,