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s étant donc prelente au pape , & lui ayant expliqué
ion deflein , le pape fît appeller Rainard abbé de Cî-
teaux , homme d’un mérité iîngulier , & lui recommanda
Etienne pour le regarder comme Ton fils , ôc
l'afTocier à l’ordre. Rainard le prefenta aux abbez af-
femblez en chapitre général, & leur dit : Vous voyez
cet abbé de petite taille ôc de mauvaife mine , mais
tout rempli du faînt Efprit ; ôc leur ayant déclaré
1 ordre du pape, ils reçûrent Etienne tout d’une voix,
& l’affignerent àlaMai fon deCî teaux , pour être de
fa filiation. Il y avoit quelque difficulté, en ce que la
maifon d Obafîne avoit certaines pratiques contraires
aux coutumes de Cîteaux, principalement la conduite
des femmes : mais on pafla par deffus pour l’amour
d’Etienne; ôc Rainard qui le cheriiToit tendrement
promit que ces différences s’aboliroient peu à
peu. Etienne revint donc à Obafîne plein de j o y e ,
amenant ceux que l’abbé de Cîteaux lui avoit donnez
pour maî tres, dans l’obfervance ; fçavoir deux
moines prêtres & deux freres lais. Ces nouveaux
maî tres, biens differens de ceux de D a lon e , inftrui-
foient doucement, familièrement ôc avec une grande
difcretion. Le changement qui fit le plus de peine à
l ’abbé Et ienne, fut d’accorder l’ufage de la viande
aux malades , conformément à la réglé. Depuis
cette affociation , le monaftere d’Obafine alla toujours
augmentant,& continua d’en produire plufîeurs
autres. Etienne vécut encore environ onze ans, juf-
ques en 1159. qu’il mourut le huitième de Mars; ôc il
t.i7 7. efl compté entre faints de fon ordre.
Findes.Ma- S- Malachie archevêque d'Irlande , defiroit depuis
iachîe. long-tems le pallium pour honorer fon f iege, & ne
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manquer a aucune des cérémonies de l’églife. Le A n . i 148,
pape Innocent le lui avoit promis ; ôc il étoit d’au- s.s«-»,
tant plus affligé de ne l’avoir pas envoyé quérir de c' ,a'
fon vivant. Maisfçachant que le pape Eugene s’étoit
approché jufques en France, il voulut profiter de l’oc-
cafion, ne doutant pas qu’il ne lui fût favorable,
comme enfant de fa chere maifon de Clairvaux. Il
affembla donc fon concile ; ôc après avoir traité pendant
trois jours les affaires qui fe prefentoient , le
quatrième jour il déclara fon deffein touchant le pallium
; ôc les évêques l’approuvèrent , pourvu qu’il
1 envoyât demander par un autre. Toutefois voyant
qu il vouloit y aller lu i -m em e , Sc que le voyage
n etoit pas trop lon g , ils n'oferent s'y oppofer.
Malachiefe mit donc en chemin, mais étant arrivé
en Angleterre on le retint quelque tems , refu-
fant de le, laiffer paffer en France, parce que le roi
Etienne étoit mal content du pape Eugene , qu’il
croyoit ne lui être pas favorable. Quand l ’archevêque
arriva à Clairvaux, S. Berna.rd le reçut avec une
joye incroyable, Secourut rembraffer avec une lege-
reté bien au deffus de fa foibleffe : mais le pape étoit
déjà à Rome^ ou près d’y arriver. Ainf î l’archevêque
fut obligé de s'arrêter dans cette fainte maifon DeS.Mt,iacK
pour attendre quelques-uns de fa fuite retenus en An- Serm-
gleterre, ôcfe préparer au voyage de Rome. Quatre ‘-î1-
ou cinq jours après fon arrivée ayant célébré la
meffe conventuelle le jourdeS. L u c , laf ievre leprit,
ôc il fe mit au lit. Toute la communauté s’empref-
foit a le fervir ôc à lui donner tous les foulagemens
poffibles ; mais il leur difoit : Vos foins font inutiles:
je fais toutefois pour l ’amour de vous ce que vous
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