
.gl’è H i s t o i r e E c c L E S ïA S T î q T J Ë r
* une de fes terres nommée Anifle , à une licuë de
A n . i ü o . diftance. Mais Norbert pria l’évêque de s’en aller
avec Tes gens, Si de lui permettre de pafler la nuit
dans cette chapelle. L ’évêque ne laifla pas de lui en-
voïer du pain Si les autres chofcs néceiTaircs, Si revint
le lendemain matin fçavoir fa réfolutiom Le
faint homme rempli de joie lui dit : Je demeure i c i ,
parce que je fqai que ce lieu m’eft deftiné de Dieu ,
Si que piufieurs s’y fauveront par fa grâce. Ils ne demeureront
pas toutefois dans cette chapelle , mais ils
bâtiront de l’autre côté de la montagne , où j’ai vu
cette nuit une grande multitude d’hommes vêtus de
,,i, r b la n c , qui faifoient en chantant le tour de ce lieu, Si
portoient des croix d’argent, des chandeliers Si des
eneenfoirs.
L ’évêque de Laon confentit avec joie à cette ré*
folution ; & aïant traité par échange avec l’abbé de
S. Vincent,' il donna à Norbert Si à fes compagnons
le lieu de Prémontré Si fes dépendances , comme i l
siii. irtmoHf, paroît par trois chartes de l ’année fuivante Mb) dans
l ’une defquelles l ’évêque Barthelemi raconte l ’hii-
toire de cet établiifement, Si. ajoute parlant de N orbert
: Il vouloir vivre avec les freres du travail de
leurs mains : mais comme nous l’avons jugé impof-
iible , nous leur avons donné le labour de trois cha-
rucs en tels Si tels endroits. Peu de jours après Nor-
, bert vint à Laon , Si entra dans l’école du doéfceur
Raoul , fucceifeur du fameux Anfelme fon frerc
doïen de cette églife , qui mourut fort avancé en
âge l’an 1117. Norbert fit une exhortation fi touchante
aux écoliers de R a o u l, qu’il en convertit fept
des plus riches venus depuis peu de Lorraine. Ils
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avoient apporté beaucoup d’argent que Norbert
donna à garder à un de fes anciens compagnons : mais
celui-ci s'enfuit de n u it , emporta l’argent , & les
laifla dans une extrême pauvreté. L ’hiver étant paifé,
Norbert alla feul prêcher à Cambrai 5 & dans unfer-
mon qu’il fit au peuple, il convertit un jeune homme
nommé Evermode , qui fut depuis évêque de Ratze-
bourg en baffe Saxe. A Nivelle il gagna à'Dieu un
autre jeune homme nommé Antoine : ces deux avec
Hugues , qui s’étoient attaché à lui l ’année précédente
, furent comme les fondemens de fon ordre ;
Si dans la femaine de la paffion de cette première année
112.0. il avoit déjà treize compagnons à Prémon-
tré. Il en eut bien-tôt jufqUa quarante, avec plu-
iieurs laïques, Si fongea à prendre une réglé : plaideurs
lui confeilloient la vie eremitique, d’autres
l ’obfervance de Cîteaux : mais confiderant que lui Sc
tous fes confrères étoient chanoines , il embraffa la
réglé de faint Auguftin, Si ils en firent tous profef-
iîon le jour de Noël l ’an 1x2.1, Il prit l’habit blanc,
qui étoit celui des clercs, mais tout de laine fans porter
de linge, finon pardeffus à l’églife : feulement ils portoient
des fémoraux ou calleçons. L ’efprit de fes premiers
difciples étoit d’aimer mieux des habits vieux
Si rapiecez , que neufs : il n’y avoit point de travail
i l bas qu’ils dédaignaffent ; leur filence étoit continuel
, ils jeûnoient en tout tems , ne faifant qu’un
repas par jour. Il leur recommandoit fur-tout trois
chofes : la propreté dans le fervice de l ’autel, la correction
des fautes au chapitre , Si la charité envers
les pauvres. Tels furent lescommencemens del’ordre
de Prémontré.
P p iij
A n . 112.0.
V t ta p.