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510 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
Champeaux fe fût retiré à faint V i& o r , Abailard revint
çtudier fous lui la rhétorique ; & quelque tems
après,, ç’eft-â-dire vers l’an 111.3. il établit fon ecolç
de dialeéfique au mont fainte Genevieve , qui étoit
encore hors de Paris.
Guillaume aïant été promu a leveche de Chaa-
lons} Abailard alla étudier la théologie à Laon fous
A n fe lm c , qui l’avoit enfeignee a ce prélat & a plu-
fieurs autres grands perfonnages, entre lefquels on remarque
Matthieu, depuis cardinal eveque d Albane,
Alberie de Reims depuis archevêque de Bourges,
Guillaume archevêque de Cantorberi, Gilbert de la
Poirée évêque de Poitiers. Abailard mepnia Anielme,
quoique venerable par fon âge & par fa doctrine;
& entreprit, comme par gageure , d’expliquer 1 écriture
fainte fans l’avoir étudiée , ce qui obligea A n -
felme à le chalfer de Laon | de peur qu’on ne lui
imputât à lui-même les erreurs de ce difciple. Il revint
donc â Paris, ou il continua denfeigner la dia,
le&ique & la théologie , attirant grand nombre d’é,
çoliers par la fubtilité de fes inventions & ¡’agrément
de fon expreifion : il s’enrichiifoit s & fa réputation
s’étendoit au loin , mais cette profperite le
perdit. 1 r »\ t
Comme il âvoit étudié toute âutre choie cjuà re-r»
gler fes moeurs, il fe laiiTa emporter à la vanité &
aux defirs de la fenfualité qu’il avoit réprimez juf-
ques-là ; & il jetta les yeux fur Heloïfe niece d’un
chanoine de l’églife de Paris, nomme Fulbert.^Elle
¿toit d’une beauté mediocre , mais d’un fçavoir éminent,
pour une perfonnedefon fexe ; & fon oncle dét
ro it paifionnément qu’elle devint toujours plus fç$-
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Vante , ce qui donna oecafion à Abailard de réuifir----------- —,
dans fon deifein. Il fit donc propofer à Fulbert, qui A N. 12,11.
d’ailleurs étoit avare, de le recevoir dans fa maifon,
pour telle penfion qu’il lui plairoit; difant qu’il vouloir
fe décharger des foins de fon domeftique, & profiter
de la commodité du voifinage ;car la maifon du
chanoine étoit près defon école. Fulbert accepta avec
joie la proposition ; & Abailard fous prétexte d’inf-
truire Heloïfe, lui infpira aifément autant de paffion
pour lu i, qu’il en avoir pour elle ; en forte qu’ils en
vinrent aux familiaritez les plus criminelles. Tout le
monde s’apperçut bien-tôt de ce honteux commerce:
les écoliers d’Abailard remarquoient la négligence
& le dégoût qu’il apportoit à fes leçons : Fulbert fut
le dernier à connoître de fon infamie , tant il étoit
prévenu de la vertu de fon hôte.
Enfin n’en pouvant plus douter , il l’obligea à fe
retirer chatgé de confufion ; &r peu de tems après
Heloïfe fe trouva grofTe, ce qu’elle écrivit auffi tôt
à Abailard avec une extrême joie. Il l'enleva de fon
confentement pendant la n u it, prenant le tems que
l’oncle étoit abfent, & l’envoïa en fon païs chez fa
foeur, où elle accoucha d’un fils qu’elle nomma A f-
trolabe. Pour appaifer l’on c le , que cet enlevement
avoit mis en fureur , Abailard promit d’époufer He-
lo ïfc , pourvu que cefûtfecretement, parce qu’autrement
il fe perdroit de réputation ; & la chofefut ainfî
réfoluë. Il alla donc la quérir en Bretagne, mais elle
ne pouvoit fe réfoudre à ce mariage , tant parce qu’il
deshonoreroit Abailard, que parce que cet état led é - f
tourneroit de fes études ; & elle lui citoit fur ce fujec
ce qu’ont dit de plus fort les auteurs facrez & les pro-
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